Re-décollage

Comment Air Burkina a réussi à renaître de ses cendres.

Publié le 13 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Le Fonds Aga Khan pour le développement (Akfed) est en passe de gagner son pari au Burkina : installer durablement Air Burkina dans le ciel ouest-africain. Un défi qui n’était pourtant pas facile à relever lorsque le chef spirituel de la communauté islamique ismaélienne a repris la compagnie, le 21 février 2001. À l’époque, celle-ci accusait une dette de près de 4 milliards de F CFA, et sa fréquentation n’excédait pas 56 000 passagers par an. Trois ans plus tard, elle a renoué avec les bénéfices (près de 200 millions de F CFA de résultat net en 2004), et le nombre de voyageurs est en augmentation. Après avoir transporté 104 000 personnes en 2003 et 98 000 l’an dernier, son directeur général, Mohamed Ghelala, prévoit que ce chiffre grimpera à 110 000 en 2005.
Autre preuve de vitalité : la direction a désormais les yeux tournés vers l’avenir. En novembre 2004, Air Burkina a ouvert sa première liaison avec l’Europe, en partenariat avec Air Ivoire. Depuis, un Airbus A-319 de la compagnie Celestair (qui appartient aussi au groupe Aga Khan) assure pour elle la liaison Ouaga-Paris trois fois par semaine.
D’autres projets attendent aussi dans les cartons. En 2006, le Fokker F-28 avec lequel la société assure 26 liaisons par semaine dans la sous-région sera remplacé. La mise en place d’une synergie avec la nouvelle Compagnie aérienne du Mali (CAM), fraîchement rachetée par l’Akfed, est également prévue. Objectif : créer un fonctionnement en code share (exploitation partagée entre plusieurs compagnies) pour monter à quatre ou cinq vols hebdomadaires entre Ouaga, Bamako et Paris. Et ouvrir, à l’horizon 2007, de nouvelles lignes en direction de Lagos, Douala, Brazzaville et Libreville. Enfin, Air Burkina envisage de rallier les Émirats arabes unis, en raison du développement des voyages d’hommes d’affaires vers cette destination.
Toutefois, les comptes de l’entreprise devraient replonger dans le rouge cette année, accusant un déficit d’au moins 2 milliards de F CFA. Mohamed Ghelala met en avant la conjugaison de plusieurs phénomènes pour justifier ce dérapage : le rodage de la liaison Ouaga-Paris ouverte l’an dernier d’une part, l’envolée des cours du brut d’autre part. « Alors que nous payions l’an dernier le litre de fioul 271 F CFA, nous l’achetons aujourd’hui plus de 370 F CFA », explique-t-il.
Reste que la compagnie doit réagir rapidement si elle ne veut pas voir cette situation s’aggraver l’an prochain. À partir de décembre, elle devra aussi affronter un nouveau concurrent dans la sous-région. En effet, Point-Afrique, société créée en 1995, a décidé de se lancer sur le créneau des vols inter-États en Afrique de l’Ouest, alors qu’elle se cantonnait jusque-là aux liaisons avec la France. Le transporteur français va désormais effectuer sept vols par semaine dans la sous-région, notamment entre Ouaga d’une part, et Bamako, Dakar, Abidjan, Niamey, Lomé et Cotonou de l’autre. Les billets seront proposés à des tarifs ultra-compétitifs. Par exemple, l’aller-retour Ouaga-Abidjan coûtera 148 000 F CFA, contre 252 500 F CFA en classe économique sur Air Burkina, soit 70 % plus cher… Les responsables d’Air Burkina qualifient cette concurrence d’« indécente » et accusent la compagnie de vendre à perte.

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