L’exception coréenne

Publié le 13 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Il est devenu banal de parler de l’«exception française» en matière de cinéma. On veut
louer surtout, quand on emploie cette expression, non pas la qualité des uvres proposées
par les réalisateurs du pays des frères Lumière, qui est en fin de compte très inégale,
mais certaines caractéristiques d’un « modèle ». Celui-ci se caractérise par un système de soutien au cinéma national qui permet à la production française d’être florissante et de détenir une part très importante au box-office. Ce qui relève bien de l’exception, puisque quasiment partout dans le monde ce sont les films hollywoodiens qui dominent le marché (85 % environ des recettes du cinéma mondial).
Il existe cependant d’autres cinématographies qui résistent à ce raz-de-marée américain tout en misant sur le cinéma d’auteur. Le cas le plus remarquable est sans nul doute celui du cinéma sud-coréen. Il réalise même un score meilleur que son homologue français, avec plus de 50 % des entrées et des recettes pour les oeuvres nationales, contre 33 % environ dans l’Hexagone. Le « modèle » coréen est fondé sur un système d’aide à la production géré par un organisme officiel, la Kofic, mais aussi sur l’instauration de quotas favorisant la projection des films nationaux : les cinémas doivent mettre ces derniers à l’affiche au minimum 146 jours par an (40 % du temps d’exploitation). Cette politique protectionniste, que les Américains essayent vainement de faire abolir par le gouvernement de Séoul, aurait pu favoriser la médiocrité. Il n’en a rien été jusqu’à ce jour, bien au contraire.
Le cinéma coréen, ainsi protégé, fait preuve depuis une dizaine d’années d’une vitalité étonnante. Les films grand public obtiennent des scores… hollywoodiens : le mélodrame You Are My Sunshine de Park Jin-pyo a, par exemple, fait sortir leurs mouchoirs à 2,7 millions de Coréens depuis sa sortie le 23 septembre dernier. Mais, à côté, les films d’auteur de qualité réussissent à trouver aussi un public. Ils servent la réputation grandissante du cinéma national dans les festivals, et ils remplissent des salles à l’étranger.
En France, par exemple, les sorties se multiplient, et souvent avec succès. The President Last Bang, récit incisif d’un coup d’État évoqué dans cette chronique début octobre (J.A.I. n° 2334), a déjà été vu par près de 20 000 spectateurs à Paris. Il est probable que l’excellent Conte de cinéma, sixième film d’un des réalisateurs phares du pays, Hong Sang-soo, fera aussi bien en novembre. Et on attend avec intérêt pour la mi-décembre L’Arc, très bien reçu par la critique lors du dernier festival de Cannes, de Kim Ki-duk, qui a déjà obtenu une reconnaissance mondiale avec ses deux précédents longs-métrages (Les Locataires et Printemps, automne, hiver…).

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