Les barils de la discorde

Publié le 13 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Tout avait été mis en oeuvre pour que le Tchad échappe à la « malédiction du pétrole ». Mais, deux ans après le lancement de l’exploitation des trois champs pétroliers dans le bassin de Doba (sud du pays), d’aucuns s’interrogent. « L’argent du pétrole n’est pas utilisé pour lutter contre la pauvreté », estiment plusieurs représentants de la société civile. Quant à la Banque mondiale, elle fait part de sa « préoccupation et souligne les défaillances dans la gestion des finances publiques ». En filigrane, la volonté des autorités de N’Djamena de modifier la répartition des revenus de l’or noir. Aux termes de la loi votée en 1999, 10 % de la manne, soit 20 milliards de F CFA (30,4 millions d’euros) à ce jour, doivent être alloués aux générations futures via un compte bloqué. Sur les 90 % restants, 80 % sont affectés aux secteurs prioritaires (santé et éducation), 15 % au budget général et 5 % à la région productrice du Logone oriental. Un équilibre désormais menacé. Le 8 novembre, le Conseil des ministres a adopté un projet de loi ajoutant la sécurité, l’administration publique et la justice aux secteurs prioritaires. Il est aussi prévu de supprimer le Fonds des générations futures et d’augmenter la part versée au Trésor. Le gouvernement déclare vouloir ainsi « prendre en compte l’impatience et les attentes des populations quant aux retombées concrètes sur leur existence et l’amélioration de leur niveau de vie ».
« Tout cela n’est qu’une mascarade. Le pouvoir souhaite accaparer l’argent du pétrole, s’insurge Delphine Djiraibe Kemneloum, coordinatrice du Comité de suivi pour la paix et la réconciliation. Il n’a jamais accepté le mécanisme de contrôle et de répartition. La loi de 1999 n’était qu’un habillage pour satisfaire les exigences de la Banque mondiale qui a financé une grosse partie de ce projet avec notamment l’oléoduc reliant les puits de Doba au port de Kribi au Cameroun. » En 2004, les 63 millions de barils produits ont rapporté à l’État 84 millions de dollars, soit 42 % du budget. Cet argent a permis la réfection de plus de 100 km de routes. Des écoles ont été construites, des manuels scolaires achetés et des projets de développement financés. Toutes ces réalisations ont été validées par un Collège de contrôle et de surveillance de ressources pétrolières qui comprend des représentants du gouvernement, des parlementaires, des magistrats, mais aussi des représentants de la société civile. Mais ces initiatives restent en deçà des attentes.
La révision de la loi de 1999 et l’augmentation des moyens de l’État permettront, estime le gouvernement, de résoudre définitivement « les problèmes de salaire, d’insécurité et de fonctionnement de l’administration qui hypothèquent les objectifs dans le domaine de la santé, de l’éducation, des infrastructures, du développement et de la lutte contre la pauvreté. » Dont acte.

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