Kadhafi, Bush et les infirmières

Publié le 13 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Le feuilleton du tragique dossier de l’infection en masse d’enfants libyens par le virus du sida se poursuit, tandis que les pressions sur Tripoli s’accentuent pour sauver les cinq infirmières bulgares et le médecin palestinien accusés d’en être responsables et condamnés à la peine capitale en mai 2004. Zeidane Achour Haroun, 8 ans, est mort le 3 novembre à l’hôpital des enfants malades de Benghazi, dans l’est de la Libye, où il avait contracté le virus du sida à moins de 1 an. Il est le 51e enfant décédé sur les 380 enfants libyens contaminés alors qu’ils étaient soignés dans le même hôpital, en 1997. L’exécution des accusés est en suspens dans l’attente d’un jugement en appel que devait rendre une cour de justice libyenne à la mi-novembre. Les condamnés clament, témoignages d’experts du sida à l’appui, que l’infection était due aux mauvaises conditions sanitaires au sein de l’hôpital et que leurs aveux ont été arrachés sous la torture.
En fait, au-delà de la procédure judiciaire, l’affaire est devenue éminemment politique. D’une part, les dirigeants libyens font valoir que leur justice est indépendante et qu’ils n’ont pas à y interférer, d’autre part, ils proposent à la Bulgarie de résoudre le problème en versant aux familles des victimes des compensations financières équivalentes à celles que la Libye a payées aux victimes américaines dans l’affaire Lockerbie. Refus du gouvernement bulgare, qui estime que cela reviendrait à reconnaître la culpabilité des cinq infirmières. L’affaire a pris une dimension internationale avec le soutien apporté par l’Union européenne et les États-Unis à la Bulgarie. À la suite des pressions de ces derniers, et d’une manière détournée caractéristique du « Guide » Mouammar Kadhafi, un projet de loi visant à supprimer la peine de mort est en cours de discussion dans les instances libyennes. Il devrait être adopté lors de la prochaine session annuelle du Congrès général du peuple (Parlement) à la fin de l’année ou début 2006. Ce qui permettrait à Kadhafi de faire d’une pierre deux coups : ne pas faire exécuter les cinq Bulgares et le Palestinien, et sauver la face aux yeux des familles des victimes.
Mais les six infortunés seront-ils libérés ? Le président américain George W. Bush a clairement fait savoir aux Libyens qu’une suppression de la peine de mort ne suffirait pas et que les infirmières bulgares devaient rentrer chez elles. Et Washington semble décidé à ne pas rétablir des relations diplomatiques pleines avec Tripoli et y envoyer un ambassadeur avant que Kadhafi, qui en rêve, ne se plie à ses conditions.

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