Deux poids, deux mesures

Publié le 13 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Partisans de l’opposition abattus dans les rues d’Addis-Abeba ; violence et allégations de fraude électorale à Zanzibar. Les scènes qui se sont déroulées en Afrique de l’Est les premiers jours de novembre sont d’autant plus déplorables que l’Éthiopie et la Tanzanie sont les favoris des pourvoyeurs de l’aide au développement. Et que leurs dirigeants sont considérés comme des interlocuteurs privilégiés, partisans des réformes économiques et alliés dans le combat contre l’extrémisme islamiste.
Ces incidents, qui découlent dans les deux cas de contestations électorales, constituent en eux-mêmes de véritables drames. En Éthiopie, les tensions politiques s’accompagnent d’une nouvelle escalade à la frontière avec l’Érythrée, dont l’Éthiopie réclame toujours la révision du tracé, trois ans après l’arbitrage international. En Tanzanie, les violences électorales, qui secouent l’archipel semi-autonome et largement musulman de Zanzibar, menacent cette fois de s’étendre sur le continent.

Mais ces événements représentent également un test pour le nouvel accord qui lie les pays riches à l’Afrique depuis le sommet du G8 de Gleneagles. Et dont les modalités, définies par le rapport de la Commission pour l’Afrique établie par la Grande-Bretagne, soumettent l’augmentation de l’aide à un engagement de gouvernance démocratique de la part des pays africains.
Sur l’invitation du Premier ministre britannique Tony Blair, Mélès Zewani, le Premier ministre éthiopien, et Benjamin Mkapa, le président tanzanien sortant, sont devenus membres de cette Commission. Depuis, leur crédibilité démocratique a été mise à rude épreuve. Et, dans les deux cas, lorsque l’opposition s’est manifestée, la tolérance politique n’a pas été au rendez-vous.

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Les élections législatives éthiopiennes, qui se sont tenues en mai dernier, ont certes été les plus ouvertes de l’histoire du pays. Mais les observateurs de l’Union européenne ont dénoncé le non-respect des règles internationales, ainsi que des irrégularités au cours du dépouillement. À la suite des affrontements entre forces de l’ordre et militants de l’opposition et aux arrestations qui ont suivi, la Grande-Bretagne a décidé de suspendre l’augmentation prévue de son aide.
Ce scénario ne devrait pas se produire en Tanzanie, considérée par les donateurs comme le bon élève du continent. Premier bénéficiaire de l’aide britannique, Dar es-Salaam a reçu, lors des quarante dernières années, des sommes supérieures à celles perçues par n’importe quel autre pays subsaharien. Depuis l’apparition du multipartisme il y a dix ans, les élections présidentielles successives se sont déroulées correctement. Celles programmées pour le 18 décembre ne devraient pas déroger à la règle, d’autant que le pays demeure virtuellement un État à parti unique. Sauf dans la région semi-autonome de Zanzibar, où le parti au pouvoir a affronté, lors du scrutin mouvementé du 30 octobre, une opposition véritablement structurée.
Les événements de début novembre soulignent les contradictions qui prévalent en Éthiopie et en Tanzanie. Mais également celles dont font preuve les pays donateurs, qui, tout en condamnant les méthodes électorales autoritaires du Zimbabwe, les admettent sans rien dire d’autres pays. Une démarche qui manque quelque peu de cohérence…

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