Création de l’Unesco

Publié le 13 novembre 2005 Lecture : 3 minutes.

« Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix. » Ainsi débute le préambule de l’acte constitutif de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture – l’Unesco -, adopté à Londres, le 16 novembre 1945.
Comme sa grande soeur new-yorkaise, qui vit le jour le 26 juin précédent, cette institution onusienne plonge ses racines au coeur de la Seconde Guerre mondiale. En 1942 déjà, alors que rien ne semblait pouvoir endiguer la vague de barbarie qui déferlait sur la planète, les ministres de l’Éducation des pays européens agressés par l’Allemagne nazie et ses alliés s’étaient retrouvés, à Londres, pour évoquer la reconstruction de leurs systèmes éducatifs après le retour de la paix. Trois ans plus tard, les armes se sont enfin tues. Le 1er novembre 1945, une quarantaine d’États se réunissent sous l’égide des jeunes Nations unies, toujours dans la capitale britannique, bien décidés à tout faire pour que l’humanité ne connaisse « plus jamais ça ». Sous l’impulsion de la France et de la Grande-Bretagne, toutes deux très éprouvées par le conflit, ils décident de créer une organisation dont l’ambition serait de développer « la solidarité morale et intellectuelle de l’humanité ». Seize jours plus tard, trente-sept pays apposent leur signature au bas de l’acte constitutif de l’Unesco.

Dès l’année suivante, vingt pays le ratifient et, du 19 novembre au 10 décembre, la première conférence générale de l’organisation se tient dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, à Paris. Dès sa création, l’Unesco a en effet élu domicile dans la capitale française. Dans un premier temps, les fonctionnaires internationaux installent leurs bureaux au Majestic, un hôtel désaffecté situé à quelques pas des Champs-Élysées. Il faudra attendre 1958 pour que le siège actuel, « l’étoile à trois branches », comme on le surnomme parfois, ouvre ses portes.
L’histoire de l’institution recoupe largement celle de la deuxième moitié du siècle. En 1956, l’Afrique du Sud, pourtant membre fondateur, s’en retire en dénonçant l’ingérence de l’organisation, à travers ses publications, dans ses affaires intérieures. Les années 1960 voient l’admission de nombreux États à peine émancipés de la tutelle coloniale. Parmi eux, vingt-quatre africains (entre 1960 et 1962). En sens inverse, les États-Unis, suivis de près par la Grande-Bretagne, claquent la porte de l’organisation, au milieu des années 1980 : ils sont en effet violemment hostiles au projet phare de l’Unesco, l’établissement d’un Nouvel ordre mondial de l’information, qui ambitionne de combattre l’hégémonie des pays du Nord en matière d’information en aidant les pays en développement à se doter de leurs propres organes de presse. L’opération se soldera par un échec, mais privera l’organisation, près de vingt ans durant, de l’un de ses principaux bailleurs de fonds.

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Soixante ans après sa création, l’Unesco peut afficher un bilan globalement positif. Même si toutes ses promesses sont loin d’avoir été tenues, elle s’est efforcée de promouvoir l’éducation, la gestion responsable des ressources de la planète, la diversité culturelle, les droits de l’homme, la libre circulation des idées et, plus récemment, les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Elle s’est également illustrée, de l’Indonésie au Maroc, en passant par le Népal ou la Grèce, dans la protection du patrimoine culturel et naturel. Son opération de sauvegarde la plus célèbre reste le déplacement du temple égyptien d’Abou Simbel (XIIIe siècle av. J.-C.), sauvé des eaux du Nil lors de la construction du barrage d’Assouan. Mais son impuissance à empêcher la destruction des bouddhas millénaires de Bamiyan par les talibans, en mars 2001, demeure l’un de ses échecs les plus retentissants.

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