Addis, domicile fixe

Publié le 13 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Des dizaines de manifestants tués, des centaines d’opposants incarcérés… Les troubles qui secouent Addis-Abeba depuis les législatives du 15 mai prennent des proportions inquiétantes. Plusieurs gouvernements occidentaux ont recommandé à leurs ressortissants de ne plus s’y rendre. C’est plus que fâcheux s’agissant d’une ville qui abrite le siège de l’Union africaine (UA), ainsi que la principale représentation des Nations unies sur le continent, la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique (CEA).
Déplorant la flambée de violence entre forces de sécurité et manifestants, Alpha Oumar Konaré, président de la Commission de l’UA, a exigé des éclaircissements sur les circonstances de ces affrontements meurtriers. Nous n’en sommes pas encore à la saisine du Conseil de paix et de sécurité (CPS), encore moins à la constitution d’une commission d’enquête de l’UA, mais la dégradation de la situation sécuritaire, et donc des conditions de travail des fonctionnaires de l’organisation panafricaine, devrait remettre à l’ordre du jour la question du maintien du siège à Addis-Abeba. Circonstances aggravantes : les bruits de bottes à la frontière entre l’Éthiopie et l’Érythrée. Le Premier ministre éthiopien Mélès Zenawi a beau assurer qu’il n’est pas question d’une reprise du conflit avec le voisin érythréen, l’inquiétude demeure. Alors, faut-il déménager l’UA, comme l’a été le siège de la Banque africaine de développement (BAD) transféré d’Abidjan à Tunis en 2003 ? C’est le voeu que caressent secrètement de nombreux fonctionnaires de l’UA. Mais il y a fort à parier que le précédent de la BAD ne fera pas « jurisprudence ». Pour trois raisons. La première tient au poids des « amis » de l’Éthiopie parmi les chefs d’État membres de l’UA. La seconde est liée à la pugnacité de Zenawi durant les huis clos, quand son pays est sur la sellette. La troisième, enfin, obéit à des considérations financières. Le nouveau siège de l’UA, qui a coûté plusieurs dizaines de millions de dollars, a été inauguré en 2002. C’est trop peu pour amortir une telle dépense. Surtout pour une organisation en proie à des problèmes budgétaires récurrents.

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