Sow and Co chez les Nabis

Publié le 13 août 2007 Lecture : 2 minutes.

Des Africains chez les Nabis ! Non, ce n’est pas de la fiction, mais le thème d’une exposition organisée à Saint-Germain-en-Laye. Cette ville de la région parisienne possède un musée Maurice-Denis, du nom de l’un des fondateurs du mouvement qui, au tournant du XIXe siècle, participa à la rénovation de l’art occidental. Les Nabis (de l’hébreu Nebiim, « prophète », « inspiré de Dieu ») s’attachaient à retrouver le caractère sacré de la peinture. Leur travail se caractérisait, entre autres, par l’utilisation de grands aplats de couleurs et la suppression de la perspective.
À travers la vingtaine d’artistes de tous horizons et de la centaine d’uvres présentées tout l’été à Saint-Germain, le visiteur peut se faire une bonne idée des grandes tendances de la sculpture africaine aujourd’hui. Mais ce n’est pas tout. Car, particularité de la manifestation, les uvres de ces plasticiens sont placées au beau milieu des collections (notamment de symbolistes) du musée, un splendide bâtiment du XVIIe siècle, ainsi que dans le parc qui l’entoure.
Les confrontations esthétiques donnent des résultats parfois surprenants, comme dans le cas du rapprochement entre les couleurs vives de La Plage au bonnet rouge, toile de Maurice Denis, et celles des personnages en papier mâché de l’Éthiopien Mickaël Bethe-Sélassié.
Avec une dizaine d’uvres, dont Le Lutteur debout, placé à l’entrée du musée, le plasticien sénégalais Ousmane Sow est la figure de proue de l’exposition. Plusieurs de ses compatriotes tels Henri Sagna et ses moustiques géants ou Ndary Lo, célèbre pour ses figures de marcheurs filiformes à la Giacometti, sont également en vedette.
Mais le pays le plus fortement représenté est le Zimbabwe, où fleurit depuis plusieurs décennies une brillante école de sculpteurs travaillant la serpentine, une pierre vert sombre traversée de filons fibreux. De Dominic Benhura à Brighton Sango, en passant par Tapfuma Gutsa, Fanizani Akuda ou Colleen Madamombe, c’est un vaste échantillon de la production de l’ancienne Rhodésie qui est donné à voir.
Au-delà de la très grande diversité des styles, des formes, des matériaux, un thème est omniprésent chez les sculpteurs africains actuels : le corps humain. Pas tant dans une démarche strictement esthétique que comme prétexte à toutes sortes de questionnements sur l’identité, la mémoire, les problèmes politiques et sociaux contemporains. Comme le dit Lucie Touya, chargée de mission à CulturesFrance et l’un des auteurs du catalogue qui accompagne l’exposition de Saint-Germain-en-Laye, « il y a chez eux une urgence à traduire les secousses du présent ».

Terre noire. Ousmane Sow et les tendances de la sculpture africaine aujourd’hui, Musée départemental Maurice-Denis de Saint-Germain-en-Laye, jusqu’au 30 septembre 2007. Pour en savoir plus : www.musee-?mauricedenis.fr

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