Riches, et heureux de l’être

Publié le 13 août 2007 Lecture : 2 minutes.

L’argent fait-il le bonheur ? C’est du moins ce que tendent à prouver les résultats d’un sondage, le premier de cette ampleur, réalisé dans cent trente pays par l’institut américain Gallup. La question la plus révélatrice était fort simple : sur une échelle de zéro à dix, à combien estimez-vous votre niveau de bien-être ou de satisfaction dans la vie ? Les indices les plus élevés (de 6,5 à 7,5) ont été enregistrés dans les zones ou pays disposant d’un produit intérieur brut (PIB) important : Amérique du Nord, Europe, péninsule Arabique et Japon, mais aussi Brésil et Mexique. La « palme du bonheur » revient à la Finlande, avec un indice oscillant entre 7,5 et 8,5.
Un deuxième groupe de pays, plus hétéroclite, se situe à un niveau intermédiaire (entre 5,5 et 6,5). Il est constitué de pays comme l’Argentine, la Pologne, le Pakistan ou la Corée du Sud. Viennent ensuite les pays dont les populations se déclarent les moins heureuses. Ils sont essentiellement asiatiques (entre 4,5 et 5,5, comme en Russie ou en Inde) et africaines (entre 3,1 et 5,5).
Si la corrélation entre le niveau des ressources d’un pays et l’indice de satisfaction de ses habitants est indiscutable, il y a néanmoins des exceptions. Ainsi, le Costa Rica et le Venezuela, dont le revenu par habitant peut être qualifié de moyen (environ 5 000 dollars par an), figurent parmi les vingt pays dont la population se déclare la plus heureuse. À l’opposé, la Chine, troisième puissance économique mondiale, présente un indice proche de celui du Pérou, de l’Afrique du Sud ou du Maroc (entre 4,5 et 5,5).
Les réponses aux autres questions du sondage fournissent une première explication à ces anomalies. Elles révèlent que l’accès aux soins médicaux est l’un des facteurs déterminants dans la perception du bien- (ou du mal-) être ressenti par les populations. La richesse n’est donc pas tout, encore faut-il qu’elle soit suffisamment bien répartie pour que chacun puisse, par exemple, se faire soigner à un prix raisonnable – ou avoir l’espoir de pouvoir le faire un jour. La confiance dans l’avenir joue souvent un rôle important dans la définition subjective du bonheur individuel.
Un autre sondage, réalisé celui-là par l’institut français Ipsos dans une vingtaine de pays, confirme que le taux de croissance du PIB a un impact considérable sur le moral des populations : plus il croît rapidement, plus l’optimisme est grand. Mais le phénomène n’a rien de mécanique. Les Chinois, qui ont une confiance solide dans l’avenir, ne se déclarent, dans l’ensemble, pas heureux, à l’inverse des Français, des Italiens ou des Allemands, qui, pourtant, redoutent une détérioration de leur situation. À un certain niveau de revenus, la richesse – ou la santé – ne sont donc apparemment plus les seuls éléments déterminant le bien-être des gens.
Pourtant, selon Gallup, la corrélation entre bien-être et niveau de revenus se maintient au niveau national, même dans les pays les plus riches : les Américains fortunés se déclarent plus heureux que leurs compatriotes pauvres. Mais, selon d’autres études, l’indice de satisfaction global dans les pays anglo-saxons n’a pas évolué depuis vingt-cinq ans, alors que, dans le même temps, leur PIB a plus que doublé. Particularité culturelle ou accroissement des écarts de richesse ? Les chercheurs se perdent en conjectures

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