Que la lumière soit

La libéralisation du secteur permettra-t-elle de mettre fin aux nombreux délestages qui touchent les grandes villes ?

Publié le 13 août 2007 Lecture : 2 minutes.

«Nous n’avons de l’électricité qu’un jour sur deux. Et comme je ne peux pas m’offrir un groupe électrogène, je suis obligé de travailler les nuits où il y a du courant pour rattraper le retard », se lamente Sandy, un jeune entrepreneur brazzavillois du quartier de Moungali. Actuellement, les besoins de la capitale sont estimés à 80 mégawatts (MW). Ils ne sont couverts qu’à hauteur de 45 MW. Une partie de l’électricité provient de la République démocratique du Congo (RDC), depuis que le barrage hydroélectrique du Djoué (15 MW), au sud de Brazzaville, est à l’arrêt. Pointe-Noire souffre aussi de nombreux délestages. La centrale à gaz de Djeno et le barrage hydroélectrique de Moukoukoulou (sur la rivière Bouenza) ne fournissent que 46 MW, pour une demande de l’ordre de 70 MW. Sans compter les importants besoins des entreprises, qui doivent recourir à des groupes électrogènes pour faire fonctionner leurs unités. Un sérieux manque à gagner pour la Société nationale d’électricité (SNE).

Le gouvernement a décidé de prendre le taureau par les cornes en ouvrant le secteur à la concurrence. Désormais, un groupe privé peut intervenir en tant que producteur indépendant, délégataire de service public ou prestataire de service. Une Agence de régulation devrait également voir le jour. En conséquence, plusieurs programmes ont été lancés. À Brazzaville, l’ouverture prochaine d’une nouvelle centrale thermique, gérée par une société privée, doit porter la production à 32 MW. Quant à la centrale du Djoué, elle devrait être remise en service fin 2008, avec une puissance accrue (25 MW). L’investissement sera privé et la centrale gérée par un producteur indépendant, qui vendra l’électricité à la SNE. Mais l’offre ne sera réellement suffisante qu’avec la mise en service, en 2009 ou 2010, du barrage hydroélectrique d’Imboulou (120 MW), situé sur la rivière Léfini, à 215 km au nord de la capitale. Financé par la Chine et réalisé par China Machinery Electric Corporation, ce projet, estimé à 280 millions de dollars, alimentera Brazzaville et une partie du nord du Congo.

la suite après cette publicité

À Pointe-Noire, deux opérations sont en cours : travaux de réfection à la centrale de Moukoukoulou sur des fonds congolais (6 milliards de F CFA) et augmentation de la capacité de production de la centrale de Djeno. Le coup d’envoi des travaux de construction du pipeline qui acheminera le gaz du champ pétrolier de M’Boundi à la centrale a été donné le 15 juin dernier. Réalisé par ENI-Congo, le projet inclut l’installation d’une deuxième turbine, ce qui devrait porter la capacité de production à 50 MW. La réhabilitation de la centrale thermique de la SNE de Pointe-Noire et la construction d’une centrale au fuel lourd dans la zone de la Congolaise de raffinerie (Coraf) sont également prévues.
Toutefois, ces unités ne permettront pas de satisfaire la demande des entreprises. Des solutions alternatives sont à l’étude, dont la construction en concession de type BOT d’une centrale électrique à gaz qui pourrait être opérationnelle en juillet 2009. Dans ce cadre, le Congo a signé deux protocoles d’accord, l’un avec ENI-Congo (puissance de 300 à 450 MW), et l’autre avec Century Aluminium (700 MW). D’autres partenaires comme la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC), le français Total, le canadien MagIndustries et l’assureur sud-africain Old Mutual Properties se sont dits intéressés.
Reste à réhabiliter ainsi qu’à étendre les réseaux de transport, de distribution et de raccordement pour que le taux d’accès à l’électricité en milieu urbain passe à 90 % en 2015 contre 45 % aujourd’hui.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires