Paradoxes de l’aide à la santé

Publié le 13 août 2007 Lecture : 2 minutes.

Sida, tuberculose et paludisme concentrent la plus grande partie de l’aide aux pays pauvres. À eux trois, ils sont la cause de 12 % de la mortalité générale. Or, selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les maladies cardio-vasculaires sont responsables de 27 % de la mortalité dans ces pays. Pourquoi un tel déséquilibre de l’aide, se demandent Anderson et Chu, professeurs à la Johns Hopkins University dans le New England Journal of Medicine ?

La première raison est que les pays développés ont mis au point les méthodes qui ont permis de vaincre les maladies infectieuses. Il était logique d’en faire bénéficier les pays en développement, ne serait-ce que pour combattre l’extension de ces maladies. À l’inverse, l’hypertension, le cancer ou le diabète ne sont pas transmissibles d’une personne à une autre. Une autre raison, affective celle-là, oriente aussi l’aide des donateurs : la sympathie médiatique. Une célébrité berçant un bébé atteint par le sida suscite plus de dons qu’un hypertendu de 45 ans assis devant sa case, même s’il est le seul soutien d’une famille nombreuse.
Les auteurs évoquent aussi les mythes concernant les maladies cardio-vasculaires. L’un des plus tenaces est qu’elles affectent surtout les riches alors que les statistiques de l’OMS démontrent le contraire. Dans le même ordre d’idées, leur prise en charge est réputée plus coûteuse. Deux rapports (OMS 2005 et Banque mondiale 2006) démentent cette affirmation : une année d’invalidité pour tuberculose coûte de 4 129 à 5 506 dollars, contre 9 à 273 dollars pour une maladie cardio-vasculaire. Selon un autre mythe, les victimes sont des personnes âgées. Or toutes les tranches d’âge sont concernées, et, en Afrique subsaharienne, les jeunes en meurent plus souvent.

la suite après cette publicité

La situation n’est donc pas simple. D’une part, on ne doit pas se désengager de la lutte contre les maladies infectieuses, dont on peut espérer le succès. D’autre part, le poids des maladies cardiovasculaires est lourd et croissant dans les pays pauvres alors qu’il décroît dans les pays riches. Dans les deux cas, l’obtention de résultats durables nécessite une amélioration des structures sanitaires et de la formation des personnels, qui devraient être des priorités pour l’aide internationale.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires