Les ennemis de mes ennemis…

Publié le 13 août 2007 Lecture : 2 minutes.

Trop, c’est trop ! Paul Trivelli, l’ambassadeur américain à Managua, n’apprécie pas, mais alors pas du tout, le rapprochement en cours entre le Nicaragua et l’Iran. Et il le fait savoir sans ambages : la République islamique est, selon lui, « un partenaire dangereux ».
La vérité est que l’activisme des mollahs en Amérique latine, une région que les États-Unis, conformément à la doctrine Monroe (« L’Amérique aux Américains »), considèrent comme leur pré carré, commence à irriter sérieusement l’administration Bush. Au mois de juin, Daniel Ortega, le président nicaraguayen, s’est rendu à Téhéran, où il a rencontré le président Mahmoud Ahmadinejad. Marxiste « repenti », l’ex-bête noire de Ronald Reagan du temps où il dirigeait le Front sandiniste de libération nationale (1979-1990) est revenu aux affaires après sa courte victoire à la présidentielle de 2006. Il se présente aujourd’hui comme un pragmatique, prêt à accepter l’aide de « tous ceux qui la lui proposent ». Problème : la plupart de ses généreux amis sont aussi des ennemis jurés des Américains : Cuba, le Venezuela de Hugo Chávez et, désormais, l’Iran. C’est d’ailleurs Chávez, qui ne rate aucune occasion de se faire mal voir de Bush, qui a joué les go between avec Ahmadinejad
Grand classique de la diplomatie pétrolière, les Iraniens offriront des logements et de l’énergie en échange de produits alimentaires et agricoles. Ils financeront (en partenariat avec leurs amis vénézuéliens) un port en eau profonde d’un coût évalué à 350 millions de dollars, construiront dix mille logements pour les nécessiteux et participeront à un projet hydroélectrique d’une valeur de 120 millions de dollars. Dans l’immédiat, ils viennent de livrer à des coopératives nicaraguayennes plusieurs centaines de tracteurs venant des chaînes de montage d’un joint-venture irano-vénézuélien. En retour, le Nicaragua devrait augmenter ses exportations de viande, de bananes et de café à destination de l’Iran.
Même si ces projets correspondent à de réels besoins, nul doute que le « pacte » entre Téhéran et Managua n’est pas exempt d’arrière-pensées géopolitiques. Pour les Iraniens, c’est un moyen de rompre leur isolement, de se faire de nouveaux alliés et de soigner, à peu de frais, leur image de bienfaiteurs du Tiers Monde. Pour rassurer et ménager les Américains, qui restent un « allié obligé », Ortega a dépêché à Washington son chef d’état-major pour parler de la coopération militaire entre les deux pays. Il a notamment promis la destruction prochaine de sept cents missiles sol-air SAM, reliquat d’un stock livré par la défunte URSS au gouvernement sandiniste dans les années 1980.

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