Lang’i à la conquête du monde

Multilingue, cosmopolite, traditionnel et moderne à la fois, le groupe a su conquérir un large public davantage habitué à la rumba congolaise.

Publié le 13 août 2007 Lecture : 3 minutes.

Dans un pays comme le Congo, où le ndombolo règne en maître, mélanger les styles musicaux ne va pas forcément de soi. Le groupe Lang’i a pourtant réussi le pari. Il faut dire que la formation possède de sacrés atouts : les voix exceptionnelles d’Oupta, la diva congolaise, et de Julien Kébèn, un jeune Français installé à Brazzaville depuis plusieurs années, servis par cinq musiciens de talent, compositeurs à leurs heures, Jess, Murphy, Willy, Morgan et Claude.
Dès la création de leur groupe, en 2003, ces jeunes musiciens dans le vent ont adopté une ligne de conduite : règlement intérieur, recrutement d’artistes à la moralité éprouvée, scénographie soignée, multilinguisme et mélange des genres musicaux. D’où le nom « Lang’i », qui signifie « couleur » en langue lingala. Mélange d’Afrique et d’Occident (jazz, rumba, etc.), la musique de Lang’i a su aller chercher les rythmes traditionnels du Congo. « Nous souhaitons construire un pont entre les ethnies et les peuples. C’est pourquoi nous chantons dans plusieurs langues. Nous pouvons même utiliser différents dialectes dans une même chanson. Comme dans Na wo tsétsa, une berceuse lari, que nous avons traduite en mbochi », explique Kébèn.
En dehors des chants traditionnels, Lang’i s’est constitué un répertoire valorisant la paix, l’unité, la solidarité et appelant la jeunesse à construire l’avenir avec un Nouveau Regard, comme le préconise l’une de leurs chansons. Un style et un message qui ont su toucher un large public encore marqué par des années de conflits. « Lorsque j’ai entendu Lang’i pour la première fois, j’ai eu envie de pleurer. Je retrouvais la musique de mes racines. Une vraie bouffée d’oxygène pour nous qui sommes beaucoup trop enfermés dans le ndombolo », confie Jacques, un Brazzavillois.

C’est en 2003, au Festival panafricain de musique (Fespam), que les musiciens de Lang’i se produisent pour la première fois. Ils en sont la révélation. En 2004 et 2005, plusieurs spectacles donnés au Centre culturel français de Brazzaville leur permettent d’élargir leur audience. « Depuis ces concerts, où nous faisions toujours le plein, notre fan-club n’a cessé de s’agrandir. Nous avons la chance d’avoir un public varié, qui compte même des étrangers », se réjouit Jess, le batteur.
En décembre 2005, lors de la 5e édition des Jeux de la Francophonie, qui se sont tenus à Niamey, au Niger, Lang’i remporte la médaille de bronze. Dès lors, les choses s’accélèrent. En janvier 2006, le groupe se produit à Kinshasa (République démocratique du Congo) et sort, sept mois plus tard, son premier album « Nto le ruisseau » avec deux titres phares, Sambadia et Na wo tsétsa. Le groupe est propulsé sur la scène internationale. En octobre, les sept musiciens sont invités au Festival culturel ACP de Saint-Domingue (République dominicaine), participent au festival Le Kolatier du Cameroun et se retrouvent, un mois plus tard, en finale du concours Découverte RFI 2006.

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Fort de son succès, Lang’i trace sa route. En août 2007, la formation participe au Marché des arts du spectacle africain (Masa) d’Abidjan, au Festival d’été d’Anvers, en Belgique, et au Marché de la musique vivante de Vic, en Espagne. En novembre, destination l’Amérique du Nord avec une tournée d’un mois au Québec (Canada). « Là-bas, nous devrons faire nos preuves. Il faut que le public occidental nous adopte », souhaite Jess. Les sept musiciens de Lang’i espèrent en tout cas que cette tournée outre-Atlantique leur permettra de prendre contact avec des producteurs. Car, jusqu’à présent, le groupe s’est autoproduit, avec le soutien de l’ambassade de France et d’Air France au Congo. En attendant de signer avec une prestigieuse maison de disques, le groupe étoffe son répertoire, qui, sans nul doute, fera les belles heures de ce qu’on peut déjà appeler « l’autre musique congolaise ».

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