Feu de tout bois

Malmenée par la baisse des cours en 2006, la filière cherche son salut dans la transformation.

Publié le 13 août 2007 Lecture : 3 minutes.

Après une légère baisse de forme en 2006, la filière bois, deuxième secteur d’activité du pays en termes de recettes d’exportation après le pétrole, parviendra-t-elle à remonter la pente ? Rien n’est moins sûr tant les problèmes auxquels sont confrontées les entreprises forestières sont encore nombreux.
Pour la dizaine d’opérateurs implantés dans le nord du pays, en majorité européens – la Congolaise industrielle du bois (CIB), l’Industrie forestière de Ouesso (Ifo), Thanry-Congo, Likouala Timber -, l’évacuation du bois constitue un véritable casse-tête : le nombre de routes est insuffisant et l’état du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO) déplorable. Dans le Sud-Ouest, les entreprises touchées par les conflits armés des années 1990 ont dû investir sur fonds propres pour renouveler leur matériel et réhabiliter les usines endommagées. Certaines ont même dû fermer. La vingtaine d’entre elles opérant dans cette zone, où s’installent de plus en plus de sociétés asiatiques, sont dans l’incapacité de respecter les objectifs de transformation du bois imposés par le code forestier de 2005 (85 % de la production).

Les entreprises se plaignent également du poids de la fiscalité alors que, parallèlement, elles doivent assumer d’autres charges liées à la gestion durable des forêts et contribuer à la construction de routes, d’écoles et de centres de santé. « Ces investissements n’intéressent pas directement la production. En outre, les coûts de transport et d’approvisionnement sont élevés. Si bien que certaines sociétés ont du mal à mettre en place les objectifs de transformation et doivent alors payer une surtaxe », constate un opérateur. Afin de faire face au problème, une étude financée par la Banque mondiale préconise un allègement de la fiscalité.
En dépit de ces difficultés, la transformation tend à progresser. La production de grumes (bois coupé qui a encore son écorce) est passée de 630 978 m3 en 2000 à 1 369 176 m3 en 2006, celle de sciages de 108 773 m3 à 208 996 m3. Seule la production de placages déroulés est en baisse (14 376 m3 en 2005 contre 76 411 m3 en 1997). C’est dans le Nord que la transformation est la plus importante (73,76 % en 2005). Dans le Sud, elle n’était que de 18 % (54 368 m3 sur 301 902 m3 produits en 2005).

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De nombreux investissements devraient améliorer l’industrialisation de la filière. Ainsi, à Pointe-Noire, Sicofor (Sino Congo Forest) a réhabilité une unité de déroulage pour un montant de 10 milliards de F CFA (15,2 millions d’euros). Dans la Sangha (Nord), Sifco a investi 9 milliards de F CFA pour remettre en état une scierie (production de 24 000 m3 par an). À Hinda, dans le Kouilou (Sud-Ouest), Taman Industries vient d’ouvrir une nouvelle unité, d’une capacité de 50 000 m3 de placages pour 20 000 m3 de contreplaqués par an, soit un investissement d’environ 7,5 milliards de F CFA.
Le canadien MagIndustries, qui a repris Eucalyptus Fibre Congo (EFC), envisage la construction d’une usine de fabrication de copeaux (80 000 tonnes) et de poteaux (10 000 unités) à Pointe-Noire. La société malaisienne Asia Congo-Industries et une société brésilienne installeront deux unités de placage dans le Kouilou. Suite à la signature de conventions de mise en valeur d’Unités forestières d’aménagement (UFA), deux ateliers de sciage devraient voir le jour dans le Nord, l’une à Kellé, avec la société Jia Wood Industries, et l’autre à Makoua, avec Mambili Wood. Enfin, la CIB prévoit de construire une scierie dans la Likouala, avec une production de près de 35 000 m3. Des perspectives encourageantes dont certains craignent toutefois qu’elles n’accélèrent le rythme de la déforestation. Un opérateur indépendant, l’organisation Forest Monitor, a été désigné afin de veiller au bon déroulement de l’abattage. Une mission financée par l’Union européenne qui permettra de dire si la législation forestière est bien appliquée.

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