En attendant la rupture

Publié le 13 août 2007 Lecture : 7 minutes.

Les Africains et les Français attachés à l’Afrique attendaient avec impatience la fermeture de l’anachronique ère chiraquienne. Mais la présidence Sarkozy semble vouloir reprendre à son compte la méthode adoptée sous l’ère Chirac, en mettant l’accent sur les annulations de dette. Cette technique permet, par des jeux d’écriture comptable contestables, de déclarer à l’OCDE des chiffres d’aide au développement supérieurs à leur coût budgétaire. C’est la politique du « Annuler plus pour afficher plus ». Le Gabon, pays phare de la diplomatie sarkozienne, devrait être le premier à bénéficier des largesses de l’Élysée, à des conditions qui font déjà jaser. Les réseaux chiraquiens se portent bien.
Puis vint la stupéfaction du discours de Dakar. Il faut le lire. Le relire. Jusqu’à la nausée. C’est d’abord cette insistance lourde sur la nature et la souffrance de l’homme noir. Invoqué six fois. Puis ces généralités, d’abord gênantes, choquantes ensuite, sur l’homme africain. Ne lui faisons pas l’affront de considérer celles-ci comme des maladresses, et prenons-les pour ce qu’elles sont, le portrait – qu’il voudrait flatteur ! – d’un Africain qu’au fond il méprise.
Thomas Mélonio, délégué national du Parti socialiste pour l’Afrique, France
Mer en danger
n J’ai lu avec attention l’interview de Richard Bohringer (J.A. n° 2426). Je ne suis pas un passionné de cinéma, mais ce qui m’a fortement intéressé, c’est ce que cet acteur avait à dire. Voilà un homme qui n’est pas noir et qui dénonce justement mieux qu’un Noir ce qui se passe avec notre mer au Sénégal. Il a raison, et il faut le dire plus fort, peut-être même le souligner dans la première page du célèbre « Ce que je crois ». C’est une vraie catastrophe, un vrai pillage de nos ressources en haute mer. Mon père était pêcheur, je sais ce que j’avance. On va droit dans le mur ! La pêche illégale se généralise, et elle va affamer notre beau pays. Même nos zones protégées ne sont pas épargnées. C’est le rôle de Jeune Afrique de dénoncer cette situation. Donc merci à Richard Bohringer de nous soutenir dans notre combat et de protéger notre mer nourricière !
Mamadou Ka, Paris, France

Qui sont ?les terroristes ?
n En Grande-Bretagne, des médecins sont arrêtés et inculpés pour terrorisme. « Des médecins qui sèment la mort alors qu’ils sont censés défendre la vie », entend-on ici et là. Ce raisonnement est simpliste. Pour moi, un Bush ou un Blair qui envoient leurs soldats coloniser des pays et tuer des hommes sont eux aussi des terroristes. Le monde arabo-musulman voit défiler, chaque jour, des images d’hommes et de femmes humiliés, terrorisés, massacrés par des soldats occidentaux en Irak et en Afghanistan. De telles images sont choquantes. Et certaines âmes particulièrement sensibles se voient dans le devoir de réagir à cette humiliation et de venger leurs coreligionnaires en semant, dans les pays occidentaux, la terreur et la mort de civils innocents. Ce sont, bien entendu, des actes criminels et condamnables comme le sont les décisions de Bush et de Blair d’envoyer leurs soldats tuer des civils innocents.
Sahbi M., Midoun, Tunisie

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Bohringer, ?ce passionné
n Je suis un jeune cinéaste sénégalais qui débute et j’ai beaucoup apprécié les messages d’espoir délivrés par cet humaniste qu’est Bohringer. Il m’a donné l’envie de faire des films aussi vrais que son discours. C’est ce qu’on appelle l’étincelle, la passion. Je me souviens de la première fois que je l’ai vu à Ouagadougou dans le cadre des préparatifs du 19e Fespaco, dont il était d’ailleurs le parrain. Impressionnant par son authenticité, il nous a tous encouragés et, depuis, j’ai la foi ! J’ai retrouvé tous ces sentiments en lisant l’interview que vous avez réalisée (J.A. n° 2426).
Djibril Ndiaye, Sénégal

Roulons ?prudemment !
n On voit aujourd’hui circuler dans les villes et sur les routes de Tunisie de grosses cylindrées puissantes et rapides, donc très gourmandes en essence, comme des Porsche, des Hummer et des 4×4 rutilants. Ces bolides atteignent des vitesses folles et leurs heureux propriétaires ne s’en privent pas. Bizarre et paradoxal dans un pays comme la Tunisie, qui détient de tristes records en nombre d’accidentés et de tués sur les routes et qui a fait de la lutte contre les excès de vitesse et l’économie d’énergie son cheval de bataille. Et ce d’autant que la qualité et la largeur de nos routes (hormis quelques kilomètres d’autoroutes) ne permettent pas de rouler très vite.
Fatma Jgham, Gabès, Tunisie

Clichés ?sur l’Afrique
n Je savais que Richard Bohringer était un grand enfant, mais j’ai été sidéré par l’accumulation de clichés, de bonnes pensées paternalistes sur les Africains et le Sénégal qu’il profère. Je connais très bien le Sénégal pour y avoir travaillé. Loin de laisser ce pays à l’abandon, la France et l’Union européenne ont largement contribué à le développer en termes de santé, d’hydraulique villageoise et d’agriculture. On ne peut pas dire que les agriculteurs ne sont pas aidés.
Benoît Bach, Essonne, France

Musulmanes marginalisées
n Je ne suis pas d’accord avec Zyad Limam lorsqu’il dit dans son Post-Scriptum « Le chemin des Arabes » (J.A. n° 2427) que, dans le monde musulman, la majorité des personnes considèrent que les hommes et les femmes sont égaux. Les femmes ont été marginalisées dans tous les domaines, la liberté de penser est presque interdite et l’on ne peut pas critiquer Mohammed ni les enseignements des imams. Des islamistes appellent au jihad et ignorent que la guerre sainte doit se faire spirituellement et non physiquement.
Simon Ngenda, Sydney, Australie
Afrique ?compétition
n En 1989, vous avez publié dans le tout premier numéro du magazine Jeune Afrique Plus – dont la publication a été interrompue en 1991 – une enquête sur les progrès accomplis par les pays africains au cours des deux décennies écoulées. Cette étude comparative, intitulée « Afrique compétition. Ceux qui avancent, ceux qui reculent », prenait en compte l’éducation, la santé, l’agriculture, l’industrie et bien d’autres facteurs. Au final, le Cameroun se retrouvait en tête du classement. Pourquoi J.A. ne lancerait-il pas aujourd’hui une étude du même type sur la période 1987-2007 ?
Bernard Kom, Centre panafricain de recherches scientifiques et culturelles (CPRSC), Douala, Cameroun

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Réponse : Ce genre d’étude requiert un très gros travail. Mais l’idée est excellente.

Misère ?congolaise
n La communauté internationale (Union européenne, G8, Nations unies) doit revoir avec plus de sérieux et de rigueur les problèmes socio-économiques de la République démocratique du Congo. Mon pays vient de passer les moments les plus pénibles de son histoire. Depuis l’indépendance, les Congolais n’ont jamais connu le bonheur. Sous la IIe République, le revenu mensuel d’un fonctionnaire, comme un chef de bureau, reste en dessous de 60 dollars. Comment voulez-vous que le peuple mange à sa faim ? Ma patrie regorge de gigantesques ressources minières qui ne profitent qu’aux étrangers et surtout à l’Occident. Les Africains, et particulièrement les Congolais, triment dans la misère. C’est ce qui explique l’émigration massive vers les pays du Nord. Jusqu’à quand durera cette situation désastreuse ?
Jean-Willy N’simba Makusu, ressortissant congolais clandestin en Libye

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Indépendance en trompe l’il
n Les pays du Nord représentent 20 % de la population mondiale et ils accaparent plus de la moitié de la richesse de la planète. Ils vivent dans l’opulence et imposent leurs diktats au Sud à travers leurs institutions multilatérales (Fonds monétaire international, Banque mondiale, Organisation mondiale du commerce). Les pays du Sud, quant à eux, constituent plus des trois quarts de la population mondiale et n’ont aucun contrôle sur l’économie mondiale. Ils n’ont qu’une indépendance de façade. Pour inverser cette tendance, il faudrait d’abord que nous maîtrisions nos micro-États, les stabilisions. Puis nous devrions promouvoir un dialogue Sud-Sud et, enfin, imposer au Nord un commerce équitable. En s’unissant, les pays sous-développés auraient plus de force pour imposer leur vision du codéveloppement.
Moussa Sylla, Dakar, Sénégal

Algérie : ?en progrès
n J’ai découvert votre hebdomadaire avec le dossier « Être femme en Algérie » (J.A. n° 2429). Malgré le chômage, nous restons optimistes. Je suis d’accord pour dire que les femmes, en Algérie, se sont un peu libérées. Mais vous auriez dû rappeler qu’elles ont connu des moments horribles durant les années 1990. En revanche, je suis d’accord avec vous pour souligner le fait que la société algérienne est en nette progression et que le marché du travail comprend, aujourd’hui, de nombreuses femmes.
Sabeg Farida, Aïn Beïda, Algérie

n Le centre international de formation de l’Organisation internationale du travail (OIT) organise pour la première fois, à Turin (Italie), un séminaire de formation à l’attention des professionnels des médias, du 29 octobre au 2 novembre 2007. Ce cours est notamment adressé aux journalistes africains et aura pour but de faire connaître les normes internationales du travail ainsi que la façon de couvrir les sujets liés aux questions d’emploi. Date limite des inscriptions : 24 août. Contact : n.mukhi@itcilo.org et/ou guebray@ilo.org.

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