Une route hautement symbolique

Publié le 13 août 2006 Lecture : 2 minutes.

Soixante-dix kilomètres de bitume C’est assez peu. Et pourtant, ces 70 km-là sont tout un symbole. Le 29 avril dernier, la foule s’est réunie dans le quartier populaire de Makélékélé, dans le 1er arrondissement de la capitale, pour apercevoir le président Denis Sassou Nguesso donner le coup d’envoi des travaux de reconstruction de la route reliant Brazzaville à Kinkala, chef-lieu du Pool. Fief des rebelles qui ont pris les armes lors des deux dernières guerres civiles (1998-1999, 2002-2003), le département a été progressivement abandonné par les services de l’État – écoles, hôpitaux – et les organisations humanitaires. La détérioration de la sécurité sur le Chemin de fer Congo-Océan (CFCO) qui le relie à la capitale n’a fait qu’aggraver son isolement. Tout comme le piteux état de la route nationale 1. Infestée de nids-de-poule, plus proche de la piste que de la route, elle est aujourd’hui quasiment impraticable : il faut six heures en moyenne pour aller d’une ville à l’autre. Seuls quelques camions de marchandises s’y aventurent.
Étape politique vers le retour du Pool, grenier agricole du pays, dans le giron national, promesse d’amélioration des conditions de vie des habitants – dont on ne peut qu’estimer le nombre aux alentours de 10 000, le département s’étant beaucoup vidé depuis le dernier recensement en 2001 -, le coup de pioche donné le 29 avril est aussi l’aboutissement d’un vieux projet. En 1996, la Commission européenne, jugeant que les voies de communication, et tout particulièrement les routes, sont des « facteurs multiplicateurs de développement », décide de lancer une étude de faisabilité des travaux. La guerre n’a pas commencé, mais déjà la voie, construite entre 1953 et 1963, se détériore. Les hostilités qui paralysent le Pool et Brazzaville retardent le dossier, finalement relancé en 2003. Une exigence de Bruxelles continue cependant de différer le chantier : le bailleur souhaite la mise en place d’un « fonds routier autonome ». En clair, que les autorités congolaises allouent chaque année un budget à l’entretien de la future route. Étranglé par de multiples dépenses – notamment le remboursement des arriérés de la dette -, l’État peine à obtempérer. Finalement, en 2005, le Trésor rétrocède 8,6 milliards de F CFA (13 millions d’euros) au « fonds routier », doté d’un personnel. C’est le déclic : un prêt européen de 47 millions d’euros est mis à disposition de l’État, soit près de la moitié de l’enveloppe totale de la coopération UE-Congo pour la période 2002-2007. Les travaux peuvent commencer.
En 2008, si tout se passe comme prévu, le trajet Kinkala-Brazzaville sera l’affaire de quarante minutes en voiture. Le trafic retrouvera peut-être son niveau d’avant la guerre, 800 véhicules par jour en moyenne. La prochaine étape vers l’unification du territoire congolais n’est pas la moindre : la réhabilitation des quelque 450 km restants jusqu’à Pointe-Noire.

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