« Madame Finances » tire sa révérence

Publié le 13 août 2006 Lecture : 2 minutes.

Le 3 août, trois ans presque jour pour jour après son arrivée au ministère des Finances, Ngozi Okonjo-Iweala (52 ans) a quitté le gouvernement nigérian. Dans l’intervalle, elle a réussi à faire annuler 60 % de la dette bilatérale de son pays, à lui faire gagner six places au hit-parade anticorruption établi annuellement par l’ONG Transparency International et à multiplier par deux le rythme de la croissance. Malgré ces résultats plus qu’honorables, l’ancienne vice-présidente de la Banque mondiale avait été démise de ses fonctions le 21 juin et remplacée par sa vice-ministre, Nenadi Usman. En guise de lot de consolation, le président Olusegun Obasanjo lui avait offert le portefeuille des Affaires étrangères et lui avait laissé la direction de sa propre équipe économique.
Le 2 août, « madame Finances », comme on la surnomme parfois, se trouvait à Londres pour négocier une nouvelle réduction de la dette quand elle a appris son remplacement à la tête du staff présidentiel. Cette harmonisation est d’autant moins illogique que le torchon brûlait depuis quelque temps entre Okonjo et Usman, mais il n’empêche : l’intéressée n’a que très modérément apprécié. Dans l’avion du retour vers Abuja, elle s’est empressée de rédiger sa lettre de démission en invoquant des motifs familiaux. De fait, ses quatre enfants et son mari résident toujours à Washington, où elle-même a passé plus de trente ans. En réponse, Obasanjo l’a assurée qu’elle « manquera à son gouvernement », mais n’a pas fait un geste pour la retenir.
Nombre de candidats aux élections générales de 2007 ne devraient pas verser de larmes sur son départ. La campagne s’annonçant tendue, ils savent que, pour l’emporter, ils devront avoir les coudées franches et le portefeuille largement ouvert. Dans ces conditions, l’obstination d’Okonjo-Iweala à serrer les cordons de la bourse et à promouvoir la transparence était passablement gênante.
L’ancienne grande argentière n’était certes pas parvenue à améliorer le quotidien des 130 millions de Nigérians. Sa volonté acharnée de réduire drastiquement des dépenses publiques quand elle-même percevait un salaire plus que confortable choquait. Et ses détracteurs ne se privaient pas de rappeler que ses bons résultats macro-économiques étaient largement dus à une conjoncture internationale favorable. Mais tout cela n’enlève rien à son mérite. Son départ n’est pas sans rappeler, toutes proportions gardées, celui de John Githongo, son ex-collègue kényan, qui, nommé pour lutter contre la corruption, avait dû fuir précipitamment le pays en février 2005. À Abuja, Usman a promis de ne rien changer au programme de réformes mis en uvre depuis 2003…

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