Hirohito reconnaît sa défaite

Publié le 13 août 2006 Lecture : 3 minutes.

C’est par l’entremise de la radio qu’en ce 15 août 1945 l’empereur japonais Hirohito annonce à son peuple que le pays est vaincu. Cette allocution, où le souverain se réfère à la « déclaration commune » des Alliés, qui, le 26 juillet à Potsdam, avaient exigé la capitulation sans conditions, a pourtant failli ne pas être diffusée. Quelques heures auparavant, des officiers ultranationalistes avaient tenté de s’emparer des enregistrements du discours impérial et de renverser le gouvernement afin de poursuivre la guerre. Faute de soutiens, la mutinerie tourne court et plusieurs rebelles trouvent la mort dans l’opération.

À midi, les Japonais peuvent finalement entendre l’intégralité de l’allocution de leur empereur. Hirohito rend tout d’abord hommage à la vaillance des forces militaires terrestres et navales nipponnes. Puis il rappelle avec douleur que « l’ennemi s’est mis à utiliser une arme nouvelle et singulièrement cruelle dont les effets semblent être aussi terribles qu’imprévisibles ». Le souverain achève son discours en demandant à la population et aux militaires de « supporter l’insupportable et d’accepter l’inacceptable ». Le pays tout entier est anéanti. Incapables de survivre à la honte, plusieurs officiers se suicident.
Jusqu’au bout, pourtant, le Japon aura tenté de résister malgré le blocus que les Américains ont instauré afin de contraindre le pays à se rendre. Il faudra que ces derniers amènent l’empire du Soleil-Levant au bord du chaos pour qu’il dépose enfin les armes. Le 9 mars, près de 329 B-29 partis des Mariannes opèrent un raid sur Tokyo, faisant près de 100 000 morts. Le 17 juin, le Bomber Command (forces de bombardement stratégique du Pacifique) rase les villes de 100 000 à 350 000 habitants et s’attaque, à partir du 12 juillet, aux villes de moins de 100 000 âmes. Les grands ports sont paralysés les uns après les autres tandis que les trois quarts de la flotte de pêche sont détruits. La famine fait son apparition, mais les Japonais tiennent encore.
Parallèlement, les Américains s’attaquent aux territoires conquis par l’empire du Soleil-Levant et envahissent la Birmanie, Bornéo, la Thaïlande, la Malaisie et l’Indochine. Les Japonais répliquent en formant à la hâte des milices regroupant 28 millions de volontaires. Bien que certains de ces soldats improvisés doivent parfois se contenter de lances de bambous pour tout équipement, la détermination est là : les militaires nippons qui possèdent encore 10 000 avions sont résolus à aller jusqu’au sacrifice ultime.
À l’issue de la conférence de Potsdam, organisée du 17 juillet au 2 août par les puissances alliées (Union soviétique, États-Unis, Royaume-Uni) pour fixer le sort des nations ennemies, le président Truman, qui a remplacé Roosevelt, décédé le 12 avril, adresse un ultimatum au Japon. Lorsqu’ils reçoivent la proposition de Potsdam, les Nippons sont divisés en deux camps : les militaires fanatiques qui veulent poursuivre la guerre et les autres qui considèrent la proposition comme plutôt honorable, comparée aux conditions imposées aux Allemands. La décision de Tokyo se faisant attendre, Truman décide d’utiliser l’arme atomique. Deux raisons le poussent à cet extrême : faire ployer les Japonais et déjouer les manuvres des Soviétiques qui, espérant participer à l’occupation de l’Extrême-Orient, n’ont aucun intérêt à ce que le conflit s’achève rapidement.

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Le 6 août, une bombe atomique baptisée « Little Boy » est larguée sur Hiroshima, faisant quelque 160 000 morts. « Fat Man », une seconde bombe, ravagera Nagasaki trois jours plus tard (75 000 morts). Cette hécatombe pousse l’empereur à se réunir avec ses conseillers dans la nuit du 9 au 10 août ; il réussit à convaincre les militaires de l’intérêt pour la nation de capituler. Le lendemain, le Japon accepte la déclaration de Potsdam à la seule condition que l’empereur reste sur son trône, ce que Truman accepte.
Le 15 août, donc, le Japon fait connaître son intention de capituler, échappant ainsi à une troisième bombe atomique dont le largage était envisagé par les États-Unis. Le pays est sauvé, mais pas l’honneur : pour la première fois de son histoire, une armée étrangère foule le sol national. Le 2 septembre, le Japon reconnaît officiellement sa défaite en signant, sur le cuirassé américain Missouri ancré dans la baie de Tokyo, le document qui entérine sa capitulation. Cet épisode met fin à la Seconde Guerre mondiale.

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