France-Allemagne : refroidissement d’une passion

Publié le 13 août 2006 Lecture : 2 minutes.

Il faudrait être aveugle pour ne pas avoir noté le refroidissement des relations franco-allemandes depuis qu’Angela Merkel a été nommée à la chancellerie en novembre dernier. Elle n’avait pas plus tôt pris ses fonctions qu’elle entrait en collision avec Jacques Chirac, en rejetant sa demande de soutien au projet français d’une réduction du taux de TVA sur la restauration, demande que Gerhard Schröder, prédécesseur de Merkel, avait constamment appuyée.
Les Français ont récemment retourné le compliment en rendant public un document de réflexion sur la façon d’améliorer le fonctionnement des institutions européennes sans modification des traités. Non seulement Berlin n’avait pas été consulté, mais les propositions se sont avérées inacceptables pour l’Allemagne.

La France a toujours été un partenaire difficile quand elle se prépare, comme c’est actuellement le cas, à une élection présidentielle. Gauche et droite n’ont toujours pas choisi leurs candidats, et la possibilité que Jean-Marie Le Pen, le dirigeant d’extrême droite, soit à nouveau présent au second tour interdit toute spéculation sur l’issue du scrutin. Dans ces conditions, Merkel a été bien inspirée de ne pas s’engager en faveur d’un quelconque candidat potentiel et de résister aux baisemains comme aux torsions de bras de Chirac.
Le principal motif d’inquiétude est que se répande à Berlin cette conviction que les deux pays ont choisi des options de politique économique différentes et irréconciliables ou, plutôt, que l’Allemagne est allée de l’avant quand la France faisait du surplace.
« Nous ne pensons pas que nous n’avons pas besoin de la France, dit Ulrike Guérot, du Fonds Marschall allemand, mais que nous n’avons pas besoin de cette France-là. »

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Depuis que Schröder a présenté en 2003 le train des réformes structurelles contenues dans son « Programme pour 2010 », un consensus s’est ébauché autour de deux idées : que c’est avec plus de marché et moins d’État que l’Allemagne résoudra ses problèmes de chômage et de déséquilibre budgétaire, et que la mondialisation doit être maîtrisée et adaptée, non pas combattue.
L’incapacité de Paris à faire un choix semblable est perçue en Allemagne comme le facteur déterminant du mal français, dont les symptômes vont des émeutes de l’année dernière à la mobilisation massive contre la réforme du code du travail et à la fronde au sein de l’UMP, le parti au pouvoir.
De nombreux arguments militent en faveur d’un rapprochement franco-allemand dans la foulée de l’élection de mai 2007, ne serait-ce qu’en raison de l’absence d’un autre partenaire s’imposant à l’évidence à Berlin et jouissant d’une stature et d’une audience comparables en Europe.
Pour l’instant, Merkel juge que la balle est dans le camp français. Tant que Paris hésitera sur des questions économiques de principe et poursuivra sa descente vers le chaos politique, elle s’en tiendra à une réserve polie, laissant le moteur franco-allemand tourner à bas régime.

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