Et Mikhaïl Timofeievitch créa l’AK-47

Publié le 13 août 2006 Lecture : 2 minutes.

Vendredi 12 novembre 2004, à Ijevsk, cité ouvrière en Russie : une grande cérémonie officielle est organisée en l’honneur du célèbre général Kalachnikov, qui fête ses 85 printemps. C’est l’effervescence dans la salle des fêtes du palais présidentiel où le maire prononce un discours. «Il est l’histoire de notre ville, de notre république, de notre nation », déclare-t-il au vieux général, en même temps qu’il le couvre de présents et de fleurs.
Mikhaïl Timofeievitch Kalachnikov est né à l’automne 1919 au sein d’une modeste famille de paysans. Il révèle très jeune des dons de bricoleur qu’il développera lors de son affectation dans une unité mécanisée de l’armée Rouge. À peine âgé de 20 ans, il invente d’ingénieux dispositifs pour chars d’assaut. Un jour de l’été 1941, alors que les combats font rage sur le front germano-soviétique, le sergent-chef Mikhaïl Timofeievitch est grièvement blessé à l’épaule par un éclat d’obus. Il est soigné, puis réformé. Pour ce soldat dévoué corps et âme à sa patrie et à l’idéal communiste, c’est la fin d’une carrière de combattant et le début de la gloire ! Au point que la notoriété de cet obscur sous-officier finira par éclipser celle de Staline et de Lénine
Mikhaïl Timofeievitch Kalachnikov confie que, depuis le jour il a reçu cette blessure, une seule idée l’obsède jour et nuit : créer une arme pour battre les fascistes. Il va donc mettre son savoir-faire au service de la nation en concevant un fusil d’assaut auquel il consacre les cinq années suivantes. Il récupère du matériel dans les ateliers, rassemble de la documentation sur les armes à feu, multiplie les expérimentations, apporte des améliorations, construit un premier prototype qui sera rejeté par la Commission pour l’artillerie et l’armement léger, mais ne se résigne pas. C’est ainsi que naît l’AK-47. Plusieurs prototypes sont fabriqués, puis testés avec une telle intensité que Kalachnikov se crève un tympan. Staline approuve finalement la fabrication en série du fusil.
Les distinctions pleuvront au fil des ans : lauréat du prix Staline, décoré de l’ordre de Lénine et de celui de la Révolution d’octobre, par deux fois médaillé Faucille et Marteau avec le titre de Héros du travail socialiste La gloire, certes, mais rien que la gloire, car Mikhaïl T. Kalachnikov n’a jamais perçu la moindre royalty sur son invention !
Cet Homo Sovieticus n’a rien renié de ses convictions communistes et s’enorgueillit de n’avoir jamais fait breveter son invention ni touché 1 kopeck sur les ventes. Il serait multimillionnaire s’il avait reçu ne fût-ce que 1 dollar par arme, sachant que cent millions ont été fabriquées Promu par la suite au grade de major général par la patrie reconnaissante, il vit aujourd’hui modestement de sa retraite dans une lointaine cité de l’Oural.
Cet homme au destin exceptionnel* n’a qu’un regret, c’est que son invention ait été détournée de sa vocation première : « Elle a été créée pour défendre la patrie, mais elle a été utilisée à d’autres fins, malheureusement. »
* En 2003, le père de l’AK-47 a livré sa biographie, Ma vie en rafales (récit coécrit avec Elena Joly), aux Éditions du Seuil.

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