Ehoud le Gaffeur

Publié le 13 août 2006 Lecture : 2 minutes.

Dans un article du Financial Times méchamment titré « L’improbable guerrier d’Israël », Harvey Morris souligne l’aptitude d’Ehoud Olmert à susciter l’exaspération jusque dans son propre camp par des initiatives intempestives ou des propos malheureux. Deux « gaffes » récentes en témoignent.
Après la tragédie de Qana, le Premier ministre israélien négocie avec Condoleezza Rice, la secrétaire d’État américaine, un arrêt des bombardements aériens pendant deux jours. Mais il néglige plusieurs heures durant d’en informer l’état-major, ce que les généraux eussent à la rigueur admis d’Ariel Sharon, mais certainement pas de son successeur : ils le lui feront savoir. Par la suite, il interprétera une clause de l’accord autorisant Israël à répliquer à une menace « perceptible » de manière tellement large que les bombardements ne seront pratiquement pas interrompus, même s’ils baisseront un peu d’intensité. Les diplomates arabes en tireront la conclusion qui s’impose : le général Dan Haloutz n’a tenu aucun compte des instructions du chef du gouvernement – ce qui, en l’occurrence, était faux – parce qu’il est le vrai patron de la politique israélienne – ce qui l’est déjà beaucoup moins.
Quelques jours plus tard, dans une interview à l’agence américaine Associated Press, Olmert estime que l’hypothétique victoire de Tsahal au Liban donnera une nouvelle « impulsion » à son plan de retrait unilatéral d’une partie de la Cisjordanie, déclenchant aussitôt une tempête politique chez ses ex-alliés de l’extrême droite. Une dizaine de réservistes ayant manifesté leur intention de refuser de partir au Liban tant qu’il ne se serait pas rétracté, il finit par présenter ses excuses à un responsable du mouvement des colons : non, non, jure-t-il, c’est un malentendu, il n’y a aucun rapport entre la guerre contre le Hezbollah et de futures évolutions diplomatiques, sur d’autres fronts. Effaré, le Jerusalem Post suggère aux collaborateurs du Premier ministre de l’inviter à « tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler ». Le quotidien aurait-il eu cette audace avec « Arik le Terrible » ? Poser la question, c’est évidemment y répondre.

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