Dette : fin du purgatoire ?

Publié le 13 août 2006 Lecture : 2 minutes.

Le Congo sortira-t-il de la spirale infernale de l’endettement ? Le 8 mars dernier à Washington, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) déclare que le pays a atteint le « point de décision ». En clair, le pays peut espérer bénéficier d’une annulation substantielle de sa dette extérieure dans le cadre de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). La dette congolaise s’élève à 9,5 milliards de dollars, ce qui en fait l’une des plus élevées de la planète en proportion de la population. Deux semaines auparavant, le conseil de la Banque mondiale votait dans le même sens (22 voix sur 24). Alors même que son intransigeant président, Paul Wolfowitz, n’y était pas favorable, que les fonds vautours (voir J.A. n° 2370), détenteurs d’une partie de la dette congolaise – acquise à vil prix -, n’ont aucun intérêt à son allégement et que l’ONG Global Witness, qui fustige la corruption des élites locales, fait également du tapage.
« Les institutions de Bretton Woods se sont trouvées face à l’alternative suivante, explique un fonctionnaire international. Céder aux intérêts privés ou travailler avec des États partenaires. Elles ont pris la seconde option pour ne pas entamer leur crédibilité. » Certainement grâce au soutien d’un grand ami de Denis Sassou Nguesso, Jacques Chirac – le Club de Paris, dont la France est membre, est le principal créancier du Congo avec 55 % de la dette extérieure totale -, le FMI et la Banque mondiale mettent donc le Congo sur les rails de l’annulation. Bien qu’elle ait été retardée de trois mois, la décision confirme l’embellie des relations avec Washington. L’amélioration se ressent depuis septembre 2005, date de la réouverture du bureau du représentant résident du FMI à Brazzaville, après plusieurs années de fermeture pour cause de guerre. Le 14 juillet dernier, le FMI a délivré un satisfecit au Congo dans le cadre du programme triennal pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance signé en 2004.
Mais le chemin qui mène au « point d’achèvement » est pavé de contraintes. Parmi les « déclencheurs » – suivant le jargon du FMI pour désigner les « conditions » – figure principalement la bonne gestion des ressources tirées du pétrole. Les autres critères stabilité macroéconomique, mise en uvre d’un « document stratégique de lutte contre la pauvreté » (DSRP), bonne gestion des finances publiques – ne sont pas spécifiques au Congo. D’après les scénarios du FMI, la dette devrait être allégée de 2,9 milliards de dollars, soit presque un tiers. Au mieux, le point d’achèvement pourrait intervenir en 2009. À condition que le Congo ne perde pas de temps. « Par définition, le point d’achèvement est flottant. Les voisins d’à côté [le Cameroun, NDLR] ont mis six ans pour l’atteindre », rappelle un économiste à Brazzaville.

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