Charles Blé Goudé

Leader des « jeunes patriotes » ivoiriens

Publié le 13 août 2006 Lecture : 3 minutes.

JEUNE AFRIQUE : Pourquoi avoir lancé, le 26 juillet, conjointement avec les organisations de jeunesse du PDCI et du RDR, un appel à l’arrêt des affrontements autour des audiences foraines ?
CHARLES BLÉ GOUDÉ : Devant le spectacle de jeunes Ivoiriens poursuivant d’autres jeunes Ivoiriens avec des machettes, des barres de fer et des gourdins, j’ai senti que la situation dérapait et qu’il fallait à tout prix empêcher notre pays de basculer. La Côte d’Ivoire a frôlé la guerre civile. Nous défendons le pouvoir de Laurent Gbagbo. Or aucun pouvoir n’a intérêt à une guerre civile.

JA : Vous avez allumé le feu avec votre journée « pays mort » du 19 juillet, puis vous vous efforcez de l’éteindre
CHARLES BLÉ GOUDÉ : La journée « pays mort » était une action pacifique, un moyen de lutte démocratique. Nous n’avons sorti ni fusil ni machette.

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JA : Vous seriez-vous converti au pacifisme ?
CHARLES BLÉ GOUDÉ : Mon credo a toujours été la non-violence. Mon arme, c’est la parole ; ma force, la mobilisation des masses. L’idée d’un Blé Goudé violent est une caricature imposée par les médias occidentaux.

JA : Cette non-violence tient-elle au fait que le rapport des forces sur le terrain ne vous est plus favorable ?
CHARLES BLÉ GOUDÉ : Je refuse toute surenchère de la violence. Dois-je laisser les jeunes de mon pays se découper en morceaux pour prouver que mon mouvement est le plus fort ? J’ai eu et j’aurai encore l’occasion de démontrer ma capacité supérieure de mobilisation de la jeunesse.

JA : Allez-vous laisser les audiences foraines se dérouler normalement ?
CHARLES BLÉ GOUDÉ : Ce n’est pas le principe, mais les modalités de ces audiences que nous contestons. Même Gérard Stoudman, le représentant de Kofi Annan pour les élections, a reconnu que nos inquiétudes étaient fondées. C’est une chance pour le Premier ministre que les réserves sur le processus électoral soient formulées maintenant. C’est le seul moyen d’éviter que, demain, les élections soient contestées.

JA : Craignez-vous que 3 à 4 millions de personnes vivant dans les zones acquises à l’opposant Alassane Ouattara s’inscrivent sur les listes électorales ?
CHARLES BLÉ GOUDÉ : Comment a-t-on pu évaluer le nombre de ces personnes censées ne pas avoir de pièce d’identité ? Ma position est simple : je refuse que la rébellion fabrique un électorat captif dans une « zone grise », hors de tout contrôle des acteurs politiques.

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JA : Pourquoi avoir publié, le 7 août, un livre intitulé Ma part de vérité ?
CHARLES BLÉ GOUDÉ : Parce qu’on ne cesse de me caricaturer, sans me connaître. Pour l’Histoire, j’ai décidé de décrire ce qui se passe réellement dans notre pays depuis le 19 septembre 2002. J’explique le sens de mon combat. Je n’ai jamais ni tué, ni volé, ni violé. J’ai le sens de la justice, de la démocratie et de l’égalité entre les nations. Connaissant les différents leaders impliqués dans la crise, j’évoque dans ce livre mon vécu commun avec eux. Mon ambition est de contribuer à mettre fin à l’ère des « spécialistes », ces ignorants qui prétendent écrire l’histoire – déformée – de l’Afrique à la place des Africains.

JA : Pourquoi avoir publié en couverture une photo de vous enchaîné sur un lit d’hôpital ?
CHARLES BLÉ GOUDÉ : En partie pour rappeler aux nouveaux champions de la démocratie la manière dont ils se comportaient quand ils étaient aux affaires et que je dirigeais le syndicat lycéen et étudiant [la Fesci]. Ai-je pour autant fomenté une rébellion parce que j’ai été emprisonné à l’hôpital, enchaîné sur mon lit et torturé ? Bien sûr que non.

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JA : Sur la quatrième de couverture, vous vous adressez à la France sur le ton de l’invective
CHARLES BLÉ GOUDÉ : J’en veux à la France d’avoir créé et d’entretenir une rébellion dans mon pays. Et je suis révolté qu’elle ait l’initiative des résolutions des Nations unies concernant la Côte d’Ivoire.

JA : Vous écrivez que Félix Houphouët-Boigny déstabilisait les pays africains. N’est-ce pas une lecture tendancieuse de l’Histoire ?
CHARLES BLÉ GOUDÉ : Je suis prêt à en débattre avec n’importe qui, n’importe où. Je mets au défi n’importe quel houphouétiste de me prouver qu’Houphouët-Boigny n’a pas déstabilisé l’Angola, le Nigeria et le Burkina.

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