Au tortionnaire, la patrie reconnaissante

Publié le 13 août 2006 Lecture : 1 minute.

Le 31 juillet, dans la « galerie des héros » du Pentagone, à Washington, un général de division texan sur le point de prendre sa retraite reçoit solennellement des mains de son supérieur la Distinguished Service Medal, la troisième par ordre d’importance des décorations américaines. Sur la médaille en question figure, côté face, le blason des États-Unis, en or cerclé d’émail bleu, et, côté pile, le nom du récipiendaire : Geoffrey D. Miller, successivement commandant du corps expéditionnaire à Guantánamo (Cuba) et des « opérations de détention » en Irak.
Après trente-quatre ans de services – bons et loyaux, selon le département de la Défense -, l’ancien responsable de centres de détention où, au mépris des lois et de l’indignation internationale, furent perpétrés à l’encontre des prisonniers des actes d’humiliation et de torture, se trouve ainsi récompensé pour avoir rempli avec un « mérite exceptionnel » les tâches « les plus délicates de la lutte contre le terrorisme, à la croisée du droit international, de la politique nationale et de la stratégie militaire ». « Ces cinq dernières années m’ont donné l’occasion de servir la nation », a approuvé le lauréat.
Entre autres manifestations de loyauté, le général Miller a créé à Guantánamo, en 2002, un ingénieux système qu’il exportera, deux ans plus tard, à Abou Ghraib : les « biscuits ». Le terme est un jeu de mots avec « BSCT », l’abréviation usuelle de Behavioral Science Consultation Teams. Il désigne les équipes d’experts chargés d’élaborer des techniques d’interrogatoire musclées pour faire craquer les détenus. Drôle de « héros » !

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