Afghanistan : de mal en pis

Publié le 13 août 2006 Lecture : 2 minutes.

Les émeutes qui se multiplient ne sont que les symptômes d’une profonde déception sur la manière dont l’Afghanistan est gouverné.
L’Afghanistan était censé être différent de l’Irak. La guerre menée par les États-Unis pour renverser les talibans a fait quasiment l’unanimité et, en particulier, parmi les habitants parlant persan de Kaboul, qui considèrent les talibans comme des fanatiques du Sud parlant pachtoun influencés par le Pakistan. Un large mouvement de sympathie s’est manifesté en faveur des Américains à la suite des attentats du 11 Septembre préparés en terre afghane.

On n’en est plus là. Pas plus à Kaboul et à Kandahar qu’à Bagdad et à Bassora. Washington paie aujourd’hui le prix de son obsession de l’Irak – et du peu d’empressement qu’a mis l’Occident, sur le plan militaire et sur le plan financier, à venir en aide à l’Afghanistan. Les attentats-suicides, presque inconnus jusqu’alors chez les Afghans, sont devenus monnaie courante, et les insurgés afghans regagnent du terrain et étendent leur influence. En 2005, ils ont tué plus de 300 soldats de la coalition et des forces gouvernementales, et l’année a été la plus sombre depuis le renversement du régime. La violence a redoublé ces dernières semaines.
Les responsables américains commettent leur erreur habituelle, qui est de considérer que le problème est essentiellement militaire (et qu’il peut donc être réglé par une solution militaire) au lieu d’y voir la crise politique et complexe dont il s’agit en réalité.
Les talibans, explique le Pentagone, sont acculés à des actes de désespoir parce que les États-Unis, leurs alliés et les forces d’occupation de l’Otan les poursuivent jusque dans leurs bastions du Sud. De fait, les talibans reprennent le contrôle de villages qu’ils tenaient jadis parce que de plus en plus d’Afghans sont déçus par le gouvernement de Hamid Karzaï et par l’aide étrangère, qui a été incapable d’améliorer de manière visible leur niveau de vie après quatre années de ce qui passe pour être la paix.

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La police et la justice sont dans un état lamentable. Barnett Rubin, un expert de la prévention des conflits, brossait récemment pour le Conseil des relations extérieures un tableau des problèmes qui risquent de provoquer un désastre en Afghanistan. La liste est trop longue pour être citée intégralement : elle va de l’insurrection à la corruption, à la mauvaise gouvernance et à la pauvreté, et se conclut par le mécontentement des diplômés sans emploi et des laissés-pour-compte de l’école.
Certains prétendent que l’Asie centrale n’est pas essentielle à la prospérité de l’Occident, mais un simple regard sur les noms des voisins de l’Afghanistan : l’Iran, le Pakistan, la Chine, ainsi que les voisins en « stan », montre à l’évidence que les États-Unis et l’Otan, qui ont déjà 32 000 soldats dans le pays, ne sont pas près de plier bagage.

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