Réfugiés indésirables
La lettre émanait des services de l’immigration de Sa Majesté et était adressée à un membre de l’opposition zimbabwéenne exilé à Londres depuis plusieurs mois : « Votre demande d’asile politique ayant été rejetée, vous êtes prié de prendre vos dispositions pour quitter le territoire du Royaume-Uni dans les plus brefs délais. Sachez que la loi en vigueur ne vous donne pas le droit de faire appel de la décision de rejet. »
Comme cet opposant, des milliers d’émigrés zimbabwéens au Royaume-Uni sont menacés d’expulsion. Au moment même où le Premier ministre britannique tentait de convaincre ses collègues du G8 de la nécessité de renforcer les sanctions contre Harare, son ministre de l’Intérieur engageait un bras de fer avec les instances judiciaires de son pays afin de pouvoir renvoyer chez eux 13 000 Zimbabwéens déboutés du droit d’asile. Ces derniers risquent leur vie dans leur pays, où on les considère comme « des espions du régime britannique ».
Des militants d’associations d’aide aux réfugiés pointent du doigt le « double langage » de Londres. « Il est à peine croyable qu’on puisse aujourd’hui fermer la porte aux réfugiés zimbabwéens, alors qu’il ne persiste pas le moindre doute sur les atrocités commises par le régime de Mugabe », s’indigne Donna Covey, directrice principale du Refugee Council.
Les organisations humanitaires réclament qu’en attendant la normalisation de la situation au Zimbabwe les réfugiés en provenance de ce pays puissent bénéficier d’un statut spécial qui leur permette de rester en Angleterre et de travailler pour subvenir à leurs besoins essentiels. Elles placent tous leurs espoirs en Gordon Brown. Le Premier ministre n’a-t-il pas déclaré que « l’Angleterre ne manquera pas à ses responsabilités envers le peuple du Zimbabwe » ?
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