Un président pour rassembler

Publié le 13 mai 2007 Lecture : 2 minutes.

Sarkozy devine que ce sont les valeurs et les idées qui font bouger les choses. Et les idées, il en a deux. La première est que la droite est faible parce qu’elle est divisée. Elle meurt de ses divisions. Elle a été divisée entre Pompidou et Poher. Elle a été divisée, contre Mitterrand, entre Giscard et Chaban-Delmas. Elle a surtout été divisée entre Chirac et Giscard, et quatorze ans de socialisme sont sortis de ce drame. Au lendemain de Mitterrand, elle est divisée entre Chirac et Balladur. Voilà qu’elle est divisée entre Chirac et lui-même et, autour de Chirac, entre Villepin et lui-même. Le ton monte. Les mots fusent. Tout le monde se souvient de « Je décide et il exécute » et de la comparaison ébauchée par Sarkozy entre Chirac et Louis XVI. Les relations de Sarkozy sont mauvaises avec le président. Elles sont pires encore avec le Premier ministre. Que se passe-t-il ?
Étoile nouvelle et brillante au firmament politique, Villepin se souvient de 1995 et de la bataille entre Chirac et Balladur. À l’époque, tous les sondages donnaient l’élection déjà jouée et Balladur élu. En politique, ce qui arrive le plus souvent, c’est l’imprévisible. Quatre ans, trois ans, deux ans avant l’échéance de 2007, Chirac et Villepin sont persuadés que Sarkozy, parti trop fort et trop tôt, sera un nouveau Balladur. Ils guettent son effondrement inévitable. Il faut donc prévoir des solutions de rechange. Le feu couve sous la cendre. La tempête se lève. Le bateau tangue assez fort. Sarkozy s’accroche, se bat, ne cède jamais et s’obstine à imposer, derrière lui, l’unité d’une droite réconciliée avec elle-même. Et il finira par gagner, après avoir fait, de bout en bout, la course présidentielle en tête. Si l’élection a comporté une surprise – la fameuse surprise tant attendue par beaucoup -, c’est celle-là.
La seconde idée, liée à la première, est que l’unité et le succès d’une droite majoritaire dans le pays sont menacés depuis plus de vingt ans par la sécession de Le Pen et de son Front national. Tout au long des quatorze ans du double mandat socialiste, et au-delà même de ce mandat, Le Pen a été l’atout maître de François Mitterrand et de la gauche. Montée aux environs de 20 %, l’extrême droite, qui plafonnait il y a trente ans au-dessous de 1 %, assurait immanquablement à elle seule la victoire de la gauche.
Le premier et le seul, Sarkozy s’est proposé d’assécher le Front national et de ramener au bercail de la droite républicaine ses électeurs extrémistes. Il a réussi dans cette tâche, et il doit à cette réussite une bonne partie de son élection.

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