Fin de la bataille de Tunisie
Le 13 mai 1943 marque un des tournants majeurs de la Seconde Guerre mondiale. Dos à la mer dans la presqu’île du Cap Bon, encerclées à l’Ouest par le 2e corps d’armée américain du général Patton et au Sud par la 8e armée britannique du maréchal Montgomery, les troupes italo-allemandes du général Von Arnim capitulent. C’est la fin de la bataille de Tunisie, entamée sept mois plus tôt ; 250 000 soldats de l’Axe sont faits prisonniers. Le lendemain, à Tunis, Alphonse Juin, le résident général de France en Tunisie, fait destituer Moncef Bey. Accusé, à tort, de collaboration, le souverain husseinite s’était érigé en champion du nationalisme autochtone. Pour les Tunisiens, la « libération » de leur pays a un goût amer. Les Alliés ont d’autres préoccupations : ils songent déjà à leur offensive contre la Sicile, destinée à ouvrir un second front en Europe.
C’est en décembre 1940 que l’Afrique du Nord s’est retrouvée plongée dans le conflit mondial, avec l’attaque lancée depuis l’Égypte par les Britanniques contre les forces italiennes de Libye. Débordé, Mussolini fait appel à Hitler, qui envoie à sa rescousse un corps expéditionnaire, l’Afrika Korps, commandé par le général Erwin Rommel. Stratège d’une guerre de mouvement, Rommel, vite surnommé le « Renard du désert », excelle dans le maniement des chars. Il réussit à rétablir la situation, reconquiert la Cyrénaïque, gagne au passage son bâton de maréchal, mais doit stopper son avance en novembre 1941, faute de renforts. Les ayant finalement obtenus, il relance l’offensive au printemps 1942 et atteint El-Alamein en juin. Alexandrie et Le Caire semblent à portée de canon. L’Égypte est le dernier verrou sur la route des champs de pétrole d’Irak et d’Arabie saoudite. Mais les lignes allemandes sont trop étirées. Faute de carburant, les panzers ne parviendront jamais à atteindre les berges du Nil. Les Anglais, commandés désormais par Montgomery, contre-attaquent le 23 octobre et encerclent El-Alamein. Comprenant que sa situation est désespérée, Rommel bat en retraite, alors que Hitler lui avait intimé l’ordre de tenir coûte que coûte la position. L’épisode ajoute à sa légende : c’est le seul officier allemand à avoir passé outre un diktat du Führer.
Le reflux allemand en Libye et le débarquement anglo-américain au Maroc, le 8 novembre 1942, changent le cours des événements. Les Alliés prennent la main. Les troupes de l’Axe regroupent leurs forces en Tunisie. C’est dans ce petit pays, le moins accidenté du Maghreb et le plus aisé à défendre, que se décidera le sort de l’Afrique du Nord. Insuffisamment préparés et mal commandés, les Américains, qui avaient pour mission de s’emparer du port stratégique de Bizerte, essuient de sérieux revers sur le front Nord et échouent devant Medjez el-Bab, dans la plaine de la Medjerda. En janvier-février 1943, les Allemands sont sur le point de réaliser la jonction entre leurs armées de Tunisie et de Libye. Rommel lance une violente offensive sur Kasserine et enfonce les lignes US. L’Algérie est menacée. L’arrivée d’éléments de tête de la 8e armée de Montgomery à quelques kilomètres de la ligne de défense allemande de Mareth, dans le Sud tunisien, oblige Rommel à se replier le 22 février. La bataille de Mareth proprement dite débute le 19 mars et dure une dizaine de jours. Au prix de violents combats et d’une audacieuse manuvre de contournement, les Britanniques s’emparent de l’ouvrage défensif. Rommel rentre en Allemagne pour tenter de convaincre Hitler d’ordonner un repli sur l’Europe de l’Afrika Korps et sauver ce qui peut l’être. Le Führer refuse. Rommel est écarté.
Les alliés, qui ont bouleversé leurs plans, reçu des renforts en hommes et en matériel et nommé le général Patton à la tête du 2e corps d’armée, ont maintenant pratiquement partie gagnée. Leur puissance de feu est nettement supérieure. Les Allemands, cantonnés désormais dans le Nord-Est, livrent un baroud d’honneur à partir du 20 avril. Tunis et Bizerte tombent le 7 mai. Six jours plus tard, ce qui reste de l’Afrika Korps capitule.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Sextapes et argent public : les Obiang pris dans l’ouragan Bello
- Burkina Faso : entre Ibrahim Traoré et les miniers, une guerre de tranchées à l’ho...
- Guinée : ce que l’on sait de la mystérieuse disparition de Saadou Nimaga
- Sécurité présidentielle au Cameroun : Dieudonné Evina Ndo, une ascension programmé...
- Ilham Aliyev, l’autocrate qui veut « dégager » la France d’Afrique