Entre soulagement et regrets

Publié le 13 mai 2007 Lecture : 2 minutes.

Enfin une bonne nouvelle en Israël, dans un printemps qui s’annonçait plutôt ingrat. Certes, pas de quoi effacer les désastres dénoncés dans le rapport Winograd sur la conduite de la guerre au Liban par le gouvernement, en juillet 2006. Ni dissiper les fumets malodorants des combines politiciennes qui flottent, depuis sa publication, dans les partis et à la Knesset. Pourtant, pour la première fois depuis longtemps, les Israéliens ont l’impression de voir élu « leur » candidat dans un pays, la France, porteur d’une certaine charge symbolique. S’y ajoute la joie de renouer avec une communauté française importante et active, à qui l’on avait de plus en plus de mal à « faire la gueule », à tel point que le sentiment antifrançais, virulent au début de la guerre en Irak, était devenu une sorte de « cliché mou ».
En manifestant un soutien quasi unanime au vainqueur (ils étaient déjà 85 % à l’avoir choisi au premier tour), les cent mille Français d’Israël, même si moins de la moitié d’entre eux se sont inscrits sur les listes électorales, rentrent ainsi dans le giron de leur pays d’accueil. Le consensus repose ici sur l’atlantisme prêté au chef de l’UMP et sur les propos pour le moins bienveillants à l’égard des choix de la politique israélienne qu’il a distillés dans les principaux médias locaux.
À Jérusalem comme à Tel-Aviv, on évoque aussi volontiers les origines juives de l’élu. Ou le fait que, contrairement à sa concurrente, il ne devrait pas prendre de gants pour éradiquer la mauvaise graine – notamment l’antisémitisme – dans les banlieues. Seuls les plus avertis se méfient déjà de sa camaraderie et de ses affinités avec Benyamin Netanyahou, le chef du Likoud. De toute manière, quel qu’aurait pu être le résultat, le départ de Jacques Chirac et la mise hors circuit de ses « amitiés arabes » auraient suffi à susciter le soulagement des uns – et les regrets des autres.
Notamment les Palestiniens, dont les réactions sont, de ce point de vue, exactement symétriques. Dès lors qu’ils ont perdu, sinon un ami, du moins un président étranger qui avait, dans le passé, apporté plus d’une preuve de son attachement au monde arabe, peu importe, à Ramallah et plus encore à Gaza, l’identité du nouveau locataire de l’Élysée.
Et les regards se perdent dans le lointain des check-points si l’on essaie d’argumenter, en avançant par exemple que Sarkozy, dont les relations avec la Syrie sont bien meilleures que ne l’étaient celles de son prédécesseur, fera peut-être davantage pression sur le gouvernement israélien pour tenter de régler au moins cet aspect du conflit.

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