Patrick Obath : « Le secteur privé kényan a pris ses précautions »
Patrick Obath, 50 ans, est président depuis 2009 de la Kenya Private Sector Alliance (Kepsa). L’organisation patronale revendique près de 80 000 membres tous secteurs confondus.
Jeune Afrique : Pensez-vous que le scénario de 2007-2008 pourra être évité ?
Patrick Obath : Personne dans le pays ne veut connaître à nouveau un tel gâchis. Je ne suis pas inquiet, car beaucoup de choses ont été mises en place ces dernières années, au niveau constitutionnel notamment, pour éviter un tel dérapage. Et le secteur privé a pris toutes ses précautions, en termes d’approvisionnement par exemple, pour ne pas être affecté dans les mêmes proportions.
La situation économique est-elle satisfaisante ?
Malgré la crise politique, le Kenya est toujours l’économie dominante dans la sous-région, et ses fondamentaux sont plutôt solides. Cela dit, il reste évidemment plusieurs gros dossiers à traiter si le pays veut retrouver dans les deux ans le taux de croissance proche des 7 % qui était le sien avant la crise. Les infrastructures doivent être modernisées, l’agriculture réorganisée, les coûts de l’énergie stabilisés. La pression fiscale est trop lourde pour les entreprises.
Quelles sont les forces du pays ?
Le cadre des affaires s’est considérablement amélioré ces cinq dernières années. Le Kenya reste la porte d’entrée de l’Afrique de l’Est et permet de toucher un marché énorme. Le secteur des télécoms s’est également développé de manière spectaculaire depuis trois ans. Et la consommation domestique, qui pèse très lourd dans notre PIB, tire l’économie du pays.
Des vecteurs de croissance ?
Il faut parvenir à une plus grande stabilité face à certains facteurs extérieurs comme la crise en Europe, dont les effets ont été très perturbants, mais aussi travailler sur notre mix énergétique pour ne plus être aussi dépendants du pétrole. À nous également de diversifier nos débouchés en regardant vers l’est. Notre futur se trouve davantage en Asie qu’en Europe. Enfin, il faut améliorer nos relations commerciales interafricaines : le continent ne pèse que 10 % dans nos échanges.
Que pensez-vous de la perspective de voir le Kenya devenir producteur de pétrole ?
C’est une opportunité fantastique pour le pays et son économie. En plus de doper l’investissement et de créer de l’emploi au Kenya, je pense même que cela aura un effet positif pour l’ensemble de la sous-région. Au gouvernement ensuite de mettre en place les mécanismes les plus efficaces pour éviter les dérives constatées ailleurs dans l’utilisation de cette manne.
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