Adieu Wolfie !

Publié le 13 mai 2007 Lecture : 2 minutes.

En échange de la démission volontaire de Paul Wolfowitz, les Européens acceptent que George W. Bush nomme un nouveau président de son choix à la tête de la Banque mondiale. Annoncé le 7 mai, ce compromis a laissé de marbre le chef de la Maison Blanche, qui est revenu à la charge, le 9 mai, en confirmant son soutien à l’ancien numéro deux du Pentagone.
En vertu d’une règle non écrite, les États-Unis désignent, depuis 1944, le président du premier établissement bancaire multilatéral (24 milliards de dollars de prêts et dons par an, plus de 10 000 salariés). En échange, ils laissent les Européens s’entendre sur le choix du patron du Fonds monétaire international (FMI).
Ce partage des rôles n’est plus tolérable. En Europe, aux États-Unis et dans le Tiers Monde, des voix s’élèvent, depuis une douzaine d’années, pour demander, en vertu des lois de bonne gouvernance et d’équité, que les deux grands argentiers soient choisis en fonction de leurs compétences et non plus de leur nationalité. Elles profitent aujourd’hui du faux pas de Wolfowitz pour exiger l’application de cette réforme tant attendue. Mais le président de la Banque, encouragé tant par Bush que par son ami le vice-président Dick Cheney, refuse de partir sur un constat d’échec et sous les huées du personnel.
Accusé de népotisme, il a reconnu avoir « fait une erreur » en s’occupant personnellement du salaire de sa compagne, Shaha Riza. Mais le comité chargé, le 6 avril, d’enquêter sur l’affaire a rendu, le 6 mai, un rapport accablant de 600 pages. Lâché par son personnel (une pétition mise en circulation le 2 mai pour réclamer son départ a recueilli plus de mille signatures), Wolfowitz a perdu, le 7 mai, le soutien de l’un des proches conseillers, Kevin Kellems, américain et néoconservateur comme lui. Responsable de la « stratégie de communication », ce dernier a avoué ne plus pouvoir travailler dans une atmosphère aussi délétère.
Composé de sept administrateurs, le comité a entendu Wolfowitz, Riza et les hauts fonctionnaires de la Banque. Il a rejeté les accusations de « complot » proférées par « Wolfie » à l’endroit de ses ennemis – à l’intérieur et à l’extérieur de la Banque – pour conclure que le président a effectivement contrevenu à la règle en accordant des augmentations salariales indues à sa compagne. Estimant ce jugement trop hâtif, Wolfowitz a fait appel, pour gagner du temps.
Après le dépôt dudit appel, le 11 mai, il pourra à nouveau être entendu, le 15. Faute d’une démission volontaire, le conseil d’administration (24 membres) devrait passer au vote : pour ou contre le maintien de Wolfowitz ? Avec, au maximum, 30 % des suffrages qui lui sont acquis (États-Unis, Canada et Japon) et une crédibilité écornée, il n’a guère de chances de demeurer encore longtemps au poste qu’il occupe depuis le 1er juin 2005. Dixième président de la Banque, il aura accompli le mandat le plus court et le plus controversé.

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