Quel avenir pour les dictateurs ?

Publié le 13 avril 2008 Lecture : 2 minutes.

L’éventuel départ de Robert Mugabe dépend en grande partie de la retraite qu’on lui offrira. Autrefois, des despotes tels que l’Haïtien Jean-Claude Duvalier, dit « Bébé Doc », l’« Empereur de Centrafrique » Jean-Bedel Bokassa, ou le Zaïrois Mobutu Sese Seko pouvaient couler des jours heureux dans une prison dorée de la Riviera française. Ils pouvaient être chaleureusement accueillis à Panamá (comme ce fut le cas pour le shah d’Iran), au Brésil (le Paraguayen Alfredo Stroessner), en Arabie saoudite (l’Ougandais Idi Amin Dada) ou encore au Zimbabwe (l’Éthiopien Mengistu Haïlé Mariam, lire aussi page suivante). Mais, il faut désormais compter avec ce qu’on peut appeler le « facteur Garzón », du nom du juge espagnol traqueur de tyrans.
Il y a dix ans, le général Augusto Pinochet, l’ex-dictateur chilien alors en retraite, était interpellé à Londres à la suite d’un mandat d’arrêt international lancé contre lui par Baltasar Garzón. Depuis, les choses ont complètement changé. Le Panamá ne reçoit plus de dictateurs. Le Chili a fini par livrer l’ancien président péruvien Alberto Fujimori, poursuivi dans son pays pour violations des droits de l’homme. À la fin de mars, Madrid a extradé vers Buenos Aires un tortionnaire argentin accusé de crimes contre l’humanité pendant la dictature des généraux (1976-1983). Tout cela est encourageant.
Aujourd’hui, les pires dirigeants des pays qui, contrairement à l’Irak ou à la Serbie, ont peu de chances d’être attaqués, peuvent être amenés à rendre des comptes. Mais si certains dictateurs ont bon espoir de finir leurs jours chez eux, comme le général Pinochet ou l’ex-dirigeant de la junte nigériane Ibrahim Babangida, le temps où ils voyageaient tranquillement ou déposaient leur fortune sur des comptes à l’étranger est maintenant révolu.
Avec cette nouvelle donne, il est à craindre que les despotes soient tentés de s’accrocher au pouvoir. Saddam Hussein savait qu’il n’avait nulle part où se réfugier. Robert Mugabe, lui, peut s’en sortir, mais s’il y a une justice, il est fort probable que sa pension lui soit versée en dollars zimbabwéens.

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