Les Arabes se rebiffent
Publié le 13 avril 2008 Lecture : 1 minute.
« Jusqu’ici, nous sommes réduits au rôle de spectateurs d’une initiative qui nous concerne autant que l’Union européenne. » Ambassadeur d’Égypte en France, Nasser Kamel n’est pas le seul diplomate arabe accrédité dans la capitale française à s’être plaint, lors du 4e Forum de Paris, réuni les 28, 29 et 30 mars, de l’absence de « consultations institutionnelles » entre la partie européenne et les pays du sud de la Méditerranée à propos du projet d’Union pour la Méditerranée lancé par Nicolas Sarkozy au lendemain de son accession à la magistrature suprême. Son homologue algérien, Missoum Sbih, est allé plus loin. Très critique à l’égard d’un « accord exclusivement négocié entre pays européens », le diplomate s’en est surtout pris à l’approche des Vingt-Sept en matière d’immigration, qui, selon lui, minimise « la richesse et la diversité » des rapports humains entre les deux rives. « Illustrer les flux et les échanges humains entre nous par des images tragiques de l’immigration clandestine est trop réducteur et simpliste », a renchéri, de son côté, Fathallah Sijilmassi, l’ambassadeur du Maroc, qui n’a pas hésité à noter, sur cette question, « une grande convergence de vues » avec l’Algérien. Au « containment » des flux migratoires, les diplomates arabes préfèrent, au contraire, un assouplissement de la circulation des hommes en Méditerranée, « sans quoi le terme d’union n’aura pas de sens », a-t-on insisté.
Au-delà du contenu du projet, Nassif Hitti, représentant de la Ligue arabe, a mis en cause les contours fixés dans le compromis de Hanovre, le 3 mars, par le président français et la chancelière allemande. « Si toute l’Europe se déclare méditerranéenne de par ses préoccupations et ses intérêts, a-t-il expliqué, alors permettez-moi de dire, à partir des mêmes considérations, que l’ensemble du monde arabe est aussi méditerranéen. » Et a donc vocation à intégrer, « à l’avenir et par étapes », l’union annoncée.
