Le président, la France et les « juges politiques »

Publié le 13 avril 2008 Lecture : 1 minute.

La semaine de célébration du quatorzième anniversaire du génocide des Tutsis du Rwanda s’est ouverte le 7 avril à Nyamata, dans le district du Bugesera, à l’est de Kigali. Les corps de 39 786 victimes de la folie meurtrière des miliciens Interahamwe ont été inhumés, mais le grand moment a été le discours prononcé par le président Paul Kagamé devant des milliers de personnes exhortées à « tourner la page du passé ». « Nous ne demandons de faveur à personne, a indiqué le chef de l’État, nous ne demandons à personne de nous accorder nos droits. » Sa cible ? Ceux qui soupçonnent son gouvernement d’« utiliser le génocide pour servir d’autres intérêts », ces « quelques personnes dans le monde développé » qui manifestent à l’égard du Rwanda une « arrogance criminelle » et un « mépris inacceptable ».
Jean-Louis Bruguière et Fernando Andreu Merelles, les magistrats français et espagnol qui ont délivré des mandats d’arrêt internationaux contre plusieurs membres de son entourage, ont été nommément cités. Kagamé a dénié à ces « juges politiques » le droit d’imposer aux autres peuples la manière dont ils doivent se comporter : « Ils n’ont pas fait autant que moi dans la défense des droits de la personne, ils doivent se taire. » Il cherche, a-t-il indiqué, l’occasion de réunir ses pairs africains pour les convaincre de cesser de tendre la main et de se laisser humilier au nom de l’aide.
Plusieurs ambassadeurs occidentaux étaient présents. En revanche, jugeant sans doute le moment peu propice – ou la situation pas encore mûre -, Rama Yade, la secrétaire d’État française aux Droits de l’homme, qui avait pourtant annoncé sa venue, y a finalement renoncé, préférant assister à une commémoration organisée par des Rwandais à Paris. Elle y a regretté les « faiblesses » et les « erreurs » de la France au Rwanda, reprenant mot pour mot la formule utilisée par Nicolas Sarkozy lors du sommet UE-Afrique de Lisbonne, il y a quatre mois. Preuve que rien ou presque n’a avancé depuis.

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