Des progrès au féminin

La révision du code de la famille a conféré de nouveaux droits aux femmes. Mais, si leur présence sur le marché du travail progresse, elle reste encore limitée.

Publié le 13 avril 2008 Lecture : 3 minutes.

Trois ans après l’adoption, en mars 2005, de la réforme du code de la famille par les députés, le statut de la femme algérienne continue de susciter un vif débat entre modernistes et conservateurs. Pour les nombreuses associations féminines, les amendements sont loin de consacrer l’égalité entre les sexes. Mais, pour les autorités, la révision initiée par le président Bouteflika a fait la part belle aux revendications des femmes, avec une avancée significative dans les domaines du mariage, du divorce, du tutorat, de la transmission et de l’acquisition de la nationalité par le mariage.
Alors que, dans l’ancien code?- adopté en 1984, à l’époque où l’Algérie vivait sous la coupe du Front de libération nationale (FLN) -, l’âge du mariage était de 21 ans pour l’homme et de 18 pour la femme, le nouveau texte de loi fixe l’âge légal à 19 ans pour les deux sexes. En outre, l’épouse n’a plus la possibilité de donner procuration à une tierce personne qui la représente lors de la conclusion du mariage – la suppression de cette procédure devant permettre de mettre fin aux mariages forcés. La question du tutorat exercé par l’homme sur la femme est également amendée. Certes, la présence obligatoire d’un tuteur matrimonial pour la femme, même majeure, est maintenue (quand celle-ci n’a pas de tuteur, c’est le juge qui en assure le rôle). Cependant, son tuteur ne peut l’empêcher de se marier si elle le souhaite, ni la contraindre à contracter une union. Par ailleurs, qualifiée de discriminatoire, voire moyenâgeuse, la pratique de la polygamie est dorénavant soumise à conditions : avant de convoler en deuxièmes noces, le mari doit obtenir le consentement de sa première épouse, celui de sa nouvelle conjointe, ainsi que l’autorisation d’un juge. Autre changement, l’obligation faite à l’époux, en cas de divorce, d’assurer un logement à la mère ayant la garde de ses enfants mineurs ou, à défaut, le paiement de son loyer. Enfin, la filiation maternelle confère désormais la nationalité algérienne à la naissance, au même titre que la filiation paternelle. Quant à la nationalité, elle peut s’obtenir de plein droit par le mariage avec un Algérien ou une Algérienne alors que, avant la révision, seule la naturalisation, à la discrétion de l’État, était possible.
« Cette réforme est courageuse, mais le président aurait dû aller beaucoup plus loin en consacrant davantage de droits aux femmes, explique Meriem, chef d’une entreprise de BTP à Alger. La société a nettement évolué alors que nos hommes politiques demeurent frileux à l’égard des femmes. »

De plus en plus d’actives
En Algérie, les femmes ne représentent encore que 15,7 % de la population active – un des plus faibles taux au monde – et, selon l’Association des femmes cadres algériennes, elles n’occupent que 5 % des postes à responsabilité. Cependant, « nous assistons, depuis dix ans, à une croissance très importante de la contribution de la femme dans plusieurs domaines », affirme Hamida Djelladi, sous-directrice au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale. Parlement, commerce, justice, police, administration il n’y a pas un domaine où les femmes ne cessent de gagner du terrain. Elles sont ainsi près de 10 000 agents, dont 459 officiers et 825 inspectrices au sein de la police nationale, longtemps chasse gardée des hommes. Côté affaires, on compte 12 000 femmes parmi les patrons des 86 000 micro-entreprises financées dans le cadre du dispositif Ansej (Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes). Et, sur 11 000 juges officiant dans les différents palais de justice, 3 800 sont des femmes. Parmi elles, Fatiha Brahimi, la présidente du tribunal de Blida, qui a défrayé la chronique en 2007 en menant d’une main de fer le procès de l’ancien milliardaire algérien, Rafik Khalifa.

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