Bouteflika, acte III ?

Publié le 13 avril 2008 Lecture : 2 minutes.

Avril 1999-avril 2008 : Abdelaziz Bouteflika préside depuis neuf ans aux destinées de l’Algérie. Un premier mandat consacré essentiellement au retour de la paix et à l’amélioration de l’image d’un pays marqué dans sa chair par une décennie de guerre civile, un deuxième orienté vers l’accélération des réformes économiques et la mise en route de grands chantiers destinés à rattraper un retard criant en matière d’infrastructures, de logements ou de transports.
Neuf ans après son élection, celui qui a toujours déclaré qu’il ne se contenterait pas d’être un « trois-quart de président » – allusion faite, à l’époque, à son « installation » par les militaires et à la mainmise de l’armée sur le politique – a tenu parole. Jamais, depuis Boumedienne, l’Algérie n’a eu à sa tête un chef de l’État aux prérogatives aussi fortes. Prérogatives qu’il a pu exercer dans la continuité en bénéficiant à la fois de ressources financières jusqu’ici inégalées et d’un soutien populaire et politique important (l’Alliance présidentielle regroupe les trois principaux partis à l’Assemblée, soit 250 députés sur 380).
L’épisode de sa maladie – il a été opéré d’un ulcère hémorragique à l’estomac en novembre 2005 – puis de sa convalescence a suscité rumeurs et inquiétudes. Abdelaziz Bouteflika a échappé au pire, comme il le confie lui-même. Son état de santé n’inquiète plus désormais que ceux qui ne le fréquentent pas au quotidien. Demandez aux ministres qu’il a auditionnés un par un au cours du mois de ramadan. Ils se souviennent encore de ces « examens de passage » Qu’on le veuille ou non, « Boutef » incarne aujourd’hui ce zaïm (« chef », en arabe) qui rassure et rassemble.
La révision programmée de la Constitution ne suscite pas en Algérie les mêmes débats qu’ailleurs en Afrique. Bien sûr, la perspective d’un troisième mandat du chef de l’État n’est pas pour plaire à ses plus farouches détracteurs politiques ou à ceux qui pensaient leur tour venu. Et c’est normal.
Il n’empêche : malgré la volonté de certains de ses proches de faire examiner cette révision de la Constitution par le seul Parlement, Bouteflika devrait choisir la voie du référendum. Parce qu’il est soucieux de son image, de celle de son pays mais aussi de démontrer à tous – en Algérie comme ailleurs – que le socle de sa légitimité, c’est sa popularité. Réponse dans quelques mois.
Quoi qu’il arrive, cette dernière année avant la présidentielle (avril 2009) sera une année charnière. Les réformes n’avancent pas assez vite au goût des Algériens ; certains chantiers accusent de lourds retards. Une situation aggravée par la hausse fulgurante des cours des matières premières et ses conséquences sur le pouvoir d’achat d’une population qui s’est déjà considérablement serré la ceinture. Mais aussi par les atermoiements d’une administration et d’une classe politique qui hésitent toujours, par conservatisme, à se lancer « à fond » dans des réformes pourtant indispensables. Aujourd’hui, personne ne peut plus se contenter de mesurer le (long) chemin parcouru depuis la fin des années 1990. Il reste tant à faire.

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