Du fil à retordre de part et d’autre des frontières
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La crise de la filière coton ivoirienne s’est répercutée de façon inattendue sur les comptes de la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT). Le 7 février, six cadres de la société ont été arrêtés et écroués à Bamako. Ils sont soupçonnés d’avoir mis en place durant la campagne 2003-2004 un commerce illicite de coton à des fins personnelles. La manoeuvre était simple : acheter de la fibre à bas prix aux producteurs ivoiriens (160 F CFA le kilo) et la revendre plus cher à la CMDT au prix fixé par l’État malien (200 F CFA le kilo à l’époque).
Une première enquête interne indique qu’au minimum 3 000 t seraient concernées. D’autres sources proches du dossier évoquent des quantités comprises entre 20 000 et 50 000 t, dont une grande partie a pourri sous la pluie et n’a jamais été égrenée. Préjudice pour l’entreprise : au moins 500 millions de F CFA. Alors que la CMDT ne parvenait pas à écouler toute la récolte du pays : plus de 610 000 t.
Parmi les inculpés : l’ancien PDG de la CMDT, Mahamar Oumar Maïga, en poste jusqu’en mai 2004 et ex-ministre de l’Économie et des Finances sous la présidence d’Alpha Oumar Konaré, ainsi que l’ancien directeur des affaires générales de la compagnie, Chiaka Berthé.
À la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Mali ou le Burkina, les petits trafics ont toujours existé. À l’échelle artisanale, les planteurs profitant des cours plus élevés ici ou là pour vendre leur récolte. Mais cette fois, devant l’ampleur du phénomène, le parquet de Bamako a été saisi de l’affaire. Une instruction est en cours.
À l’heure où la CMDT accuse un déficit de plus de 60 milliards de F CFA pour 2004 et où les paysans protestent, car ils ne sont pas payés, le gouvernement ne pouvait faire moins que de réagir. Ce scandale tombe d’autant plus mal qu’il intervient au moment où, après avoir suspendu son aide financière en septembre 2004 en raison de désaccords sur la gestion du « dossier coton », la Banque mondiale venait d’améliorer ses relations avec le pays. Il conforte par ailleurs les partisans de la réforme de la filière pour qui la privatisation est le seul moyen de mettre fin aux malversations financières.
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