Diplomatie : Le raïs de la paix ?

Publié le 13 mars 2005 Lecture : 2 minutes.

Ceux qui manifestent dans les rues du Caire contre un cinquième mandat pour Hosni Moubarak ont probablement aussi en tête l’idée que l’Égypte, sous son règne, a perdu de son leadership régional et de son aura internationale. Cette appréciation, qui n’est pas sans fondement, doit être cependant nuancée. Certes l’Égypte n’est plus le coeur battant du monde arabe, de l’Afrique ni même de l’ensemble des pays non alignés, comme elle le fut sous Nasser (1954-1970) ou même Sadate (1970-1981). Sa capitale, Le Caire, n’est plus le centre intellectuel et médiatique de la région s’étendant de Bagdad à Rabat – des capitales comme Beyrouth ou Doha lui disputant désormais cette position. Sa diplomatie semble aussi effacée que son actuel patron, Ahmed Aboul-Gheith, qui a du mal à faire oublier ses prédécesseurs au poste, les foisonnants Boutros Boutros-Ghali, Esmat Abdelméguid et Amr Moussa. Ce dernier, qui était devenu très populaire dans son pays, a « échoué » – dans les deux sens du terme – à la tête de la Ligue arabe après que ses compatriotes eurent vu en lui un potentiel successeur du raïs.
Malgré un déclin diplomatique indéniable, le pays du Nil reste cependant un acteur important de la scène proche- orientale. Aucune des grandes décisions concernant cette région ne peut être prise sans une consultation préalable, sinon une participation active, de son président. Grand pacificateur devant l’Éternel, ce dernier aime jouer le rôle de médiateur dans le conflit israélo-palestinien. N’est-ce pas lui qui a réuni, le 8 février dernier, à Charm el-Cheikh, avec l’assentiment des Américains, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Ariel Sharon, en présence du roi Abdallah de Jordanie ? À défaut d’une relance du processus de paix sur la base de la « feuille de route », la rencontre a permis aux protagonistes de proclamer séparément un cessez-le-feu. Ce qui, au terme de quatre années de violences, a été considéré comme un grand succès. Inutile de préciser que celui-ci a rejailli sur Moubarak.
Parions que ce dernier se pavanera de nouveau devant les caméras à l’ouverture du « Dialogue national palestinien », qui rassemblera, le 15 mars, au Caire, sur son initiative et sous la présidence de Mahmoud Abbas, les représentants de 13 factions palestiniennes, dont le Hamas et le Djihad islamique, pour remettre sur le tapis les questions du cessez-le-feu avec Israël et des relations intrapalestiniennes à la veille du retrait israélien de Gaza.
Pour assurer la réussite de cette nouvelle rencontre, dont la communauté internationale attend beaucoup, le chef des renseignements égyptiens, Omar Souleiman, a fait la navette entre les différentes factions palestiniennes. L’Égypte s’est également beaucoup investie, à la demande de l’Autorité, dans la refonte des services de sécurité palestiniens.
Cet activisme diplomatique suffira-t-il à faire taire les critiques dont Moubarak est la cible, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, à cause de la lenteur des réformes politiques ? Washington, tout en continuant de louer le rôle pacificateur du Caire au Proche-Orient, n’en presse pas moins Moubarak d’ouvrir davantage la vie politique et d’assurer les conditions d’une réelle compétition entre les diverses formations politiques dans son pays.

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