Ce n’est qu’un répit

Publié le 13 février 2005 Lecture : 2 minutes.

Ariel Sharon : « L’espoir d’un meilleur avenir pour nos enfants et nos petits-enfants existe pour la première fois depuis longtemps. Nous devons tous annoncer, ici, aujourd’hui, que la violence ne doit pas gagner, que nous ne laisserons pas tuer l’espoir. »
Mahmoud Abbas : « Les Palestiniens ont confirmé leur adhésion à l’idée d’une paix juste qui met fin à des décennies de guerre, de violence et d’occupation, et signifie l’établissement d’un État palestinien à côté de l’État d’Israël. »

Qui ne se réjouit de voir le Premier ministre israélien et le président de l’Autorité palestinienne autour d’une table de négociations en venir à échanger non plus des mots de défi, mais les paroles d’espoir citées ci-dessus ?
Leurs peuples se sont entretués pendant les cinquante-deux mois de la seconde Intifada (4 700 morts, dont 3 600 Palestiniens, et près de 35 000 blessés, dont 28 000 Palestiniens).
Sont-ils partis, cette fois, pour enterrer la hache de guerre et conclure la paix ? On aimerait pouvoir le dire. Mais il y a tout lieu, hélas ! de craindre que l’apaisement que nous observons ne soit qu’un répit.
Il y a mille raisons de ne pas croire que le conflit israélo-palestinien est arrivé à son terme. En pages 28-30, Hamid Barrada énumère et analyse les principales.
Pour ma part, je sais qu’Ariel Sharon :
– a voté contre les accords d’Oslo, les qualifiant de « tragique erreur » et les considérant comme désastreux pour Israël. Mahmoud Abbas, lui, en a été un des deux architectes ;
– s’est juré de garder pour Israël plus de la moitié de la Cisjordanie et n’a aucune intention d’en déloger les 250 000 colons qu’il y a installés. Il veut la paix et la sécurité pour les Israéliens. Et, en plus, les Territoires, mais sans leurs habitants palestiniens ;
a déjà eu, en 2003, en face de lui Mahmoud Abbas comme Premier ministre palestinien et lui a refusé toute concession digne de ce nom. Il ne lui en fera pas beaucoup plus en 2005 et, par exemple, ne libérera les prisonniers qu’au compte-gouttes : ce sera toujours du « trop peu et trop tard » ;
– n’a pas l’intention d’appliquer la « feuille de route » proposée par le Quartet (États-Unis, Europe, Russie, ONU) : l’« État palestinien » qu’il envisage de laisser se créer n’aura d’État que le nom.

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Je sais que Bush à Washington et Sharon à Jérusalem considèrent qu’ils ont, ensemble, les moyens de remodeler le Moyen-Orient et de n’accepter comme interlocuteurs, à la tête des pays qui le composent, que les dirigeants qui leur conviennent parce qu’ils leur sont inféodés.
Cela rappelé, je sais aussi que, dans leur majorité, les peuples israélien et palestinien sont fatigués de la guerre et de la haine, qu’ils aspirent à la paix, fût-elle sous forme de simple coexistence entre deux voisins qui ont décidé de mener une vie séparée.
Je crois simplement que ce désir de paix n’est pas assez fort pour que les jusqu’au-boutistes abandonnent, pour le satisfaire, leurs objectifs de guerre.

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