Triple victoire subsaharienne

Publié le 12 décembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Lorsqu’il présidait aux destinées du Mali, Alpha Oumar Konaré disait qu’il rêvait d’élections qui ressembleraient à des fêtes populaires où les gens accompliraient leur devoir de citoyens en dansant. En Afrique, on ne va pas encore dans les bureaux de vote au rythme des tam-tams ou de la kora, mais on n’en est peut-être pas loin. Les élections générales (présidentielle et législatives) qui viennent de se tenir au Mozambique, au Niger et au Ghana, trois pays issus de régions où les situations sont contrastées, prouvent, en tout cas, qu’on est sur la bonne voie.
Au Niger, le président Mamadou Tandja a été facilement reconduit dans ses fonctions (avec 65,53 %) des voix) pour un ultime quinquennat. Tout comme le Ghanéen John Kufuor, réélu pour un nouveau (et dernier) mandat de quatre ans. Plus au sud du continent, Armando Guebuza, le candidat du Front de libération du Mozambique (Frelimo, au pouvoir), devrait normalement succéder au président Joaquim Chissano, qui ne se représentait pas, après dix-huit années à la tête de l’État.

De l’avis général, ces trois élections ont été free and fair (« libres et équitables »). Elles n’ont pas donné lieu à des dérapages graves, à des manipulations de toutes sortes ou, pis, comme c’était généralement le cas il y a quelques années, à un « troisième tour » dans la rue. Les vainqueurs ont eu le triomphe modeste. Et les perdants ont accepté de bonne grâce le verdict des urnes.
De ces trois derniers scrutins de 2004, on peut tirer plusieurs enseignements qui s’appliquent à d’autres pays. On peut tout d’abord dire, sans risque de se tromper, qu’on assiste depuis quelques années – et il faut s’en féliciter à une banalisation croissante des élections en Afrique due en grande partie à leur caractère répétitif. Presque partout, les élections font désormais partie du décor. Les dirigeants vont au terme de leurs mandatures, le calendrier électoral est connu d’avance, et les échéances républicaines sont respectées. Les Nigériens tout comme les Mozambicains savent donc qu’ils devront de nouveau se rendre aux urnes en 2009, les Ghanéens, en 2008.

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Autre enseignement : à l’exception du New Patriotic Party de John Kufuor, dont la création est relativement récente, on note la bonne tenue des anciens partis uniques reconvertis, pour certains sous la contrainte, au pluralisme politique. Le Mouvement national pour la société de développement (MNSD-Nassara) du président Tandja tout comme le Frelimo confirment leur prééminence dans la vie politique nigérienne et mozambicaine. Sans doute parce que les présidents sortants n’ont pas démérité, mais aussi parce que le comportement de nombre d’électeurs, surtout en milieu rural, relève du réflexe légitimiste. Lorsqu’il n’y a pas de crispations politiques, de défiance ouverte à l’égard du chef de l’État et d’antagonismes très prononcés, le pouvoir en place bénéficie généralement d’un préjugé favorable.

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