Saddam à Nuremberg

Publié le 12 novembre 2006 Lecture : 1 minute.

Le verdict du 5 novembre condamnant Saddam Hussein à la peine capitale par pendaison, aurait pu être un moment historique pour l’opinion arabe. Un dictateur déchu, coupable des pires atrocités contre son peuple, devant répondre de ses actes devant la justice. Mais au lieu de réussir cet exercice, les Américains ont convaincu qu’ils ne sont jamais fatigués de se tromper. Leur obstination à refuser le recours à un tribunal international pour juger Saddam a privé les Arabes, en général, et les Irakiens en particulier, d’avoir leur Nuremberg : un procès retentissant où la seule vérité guide le juge. Mais le TSI a échoué.
Pouvait-il en être autrement ? La juridiction qui avait à se prononcer sur la culpabilité du raïs ne tire sa légitimité que d’un texte élaboré par Paul Bremer, proconsul américain. Le déroulement du procès a vite montré ses limites, se transformant en mascarade par le remplacement d’un président du tribunal (jugé trop laxiste) par un autre plus « zélé ». Deux membres du collectif d’avocats sont assassinés. L’affaire de Doujaïl, qui a valu la peine de mort à Saddam, concerne le massacre de 148 chiites en 1982. La veille du verdict, le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a décidé d’instaurer un couvre-feu pour « éviter les manifestations de joie excessives au moment de la condamnation à mort de Saddam Hussein ».
Le procès qu’attendait l’opinion arabe, celui qui aurait pu être son Nuremberg, n’aura été qu’une vulgaire vendetta, où le verdict s’embarrasse plus de l’agenda électoral de George Bush que de l’expression de la justice. Pendez-le haut et court ! L’annonce de la condamnation a été accueillie avec jubilation à Washington, Téhéran ou Koweït-City. Elle n’a provoqué aucune manifestation dans la rue arabe, de Barbès à Tamanrasset et de Beni Mellal à Khanaqine, ville irakienne frontalière de l’Iran. Quant aux manifestations « spontanées », celle de Tikrit pour dénoncer la « justice des félons », ou celle de Sadr City pour saluer le verdict, elles ont mobilisé seulement quelques centaines de personnes.
Hasna Milouani, Alger, Algérie

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