À quand une révolution verte africaine ?
Et si le développement de l’Afrique passait par l’agriculture ? Et si l’avenir de l’agriculture africaine dépendait de l’émergence d’une classe de petits exploitants prospères ? Pour s’en convaincre, il suffit de se pencher sur le développement fulgurant de l’Asie du Sud, dont le PIB était inférieur à celui de l’Afrique en 1960 ! Pour réaliser ce bond en avant, l’Asie a opéré des changements majeurs, dont le plus significatif est sans doute la révolution verte des années 1960. Des hommes tels que l’Américain Norman Borlaug, Prix Nobel de la paix en 1970 et père de cette révolution, sont partis d’une idée simple : une population bien nourrie impose la paix et jette les bases du développement. Ainsi, l’introduction en Inde et au Pakistan de nouvelles techniques agricoles a accéléré le développement.
Fort de ces succès, le professeur Borlaug a lancé, en 1986, l’ONG japonaise Sasakawa Afrique, avec l’appui de la Fondation Nippon et de l’ancien président américain Jimmy Carter. En deux décennies, cette ONG, qui a organisé, du 30 octobre au 1er novembre, à Bamako, un symposium à l’occasion de son vingtième anniversaire, a pu mettre en place des transferts de technologie. Les sols ont été enrichis et de nouvelles variétés de semences ont été introduites. Résultat : dans quatorze pays africains, des centaines de milliers d’agriculteurs ont pu doubler, voire tripler leurs rendements et, partant, augmenter la valeur ajoutée.
Mais de nombreux problèmes demeurent : comment transformer toutes ces petites exploitations de subsistance en exploitations commerciales performantes ? C’était tout l’enjeu du symposium de Bamako. Comme l’a clairement indiqué Yohei Sasakawa, président de la Fondation Nippon, « tout est question de volonté politique ». L’intervention de l’État est nécessaire pour améliorer l’accès aux intrants, aux marchés, à l’information et à la formation, sans parler de l’environnement légal et administratif. Des leaders visionnaires et éclairés, ayant compris que les paysans sont à la base du développement, voilà peut-être ce qu’il manque à l’Afrique. En attendant, l’Éthiopie, le Mali, le Nigeria et l’Ouganda sont aujourd’hui les quatre pays où Sasakawa Afrique concentre ses efforts. Si la révolution verte s’y met en marche, nul doute qu’elle fera tache d’huile.
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