La diplomatie du carnet de chèques

Publié le 12 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.

« Nous souhaitons que la Chine dirige un jour le monde. Quand ce sera le cas, nous voulons être juste derrière vous. » Lors du dîner officiel offert le 26 avril au président Hu Jintao, Olusegun Obasanjo, le chef de l’État nigérian, n’a pas fait dans la nuance pour célébrer le modèle chinois. Non-ingérence politique, accords commerciaux tous azimuts, contrats pétroliers la diplomatie africaine de Pékin séduit sur le continent. La deuxième tournée du numéro un chinois qui, du 23 au 29 avril, l’a successivement mené au Maroc, au Nigeria et au Kenya, en a une nouvelle fois apporté la preuve. Accompagné de Liu Yongqing, son épouse, et d’une importante délégation comprenant notamment le ministre des Affaires étrangères (Li Zhaoxing), celui du Commerce (Bo Xilai) et les principaux dirigeants des compagnies pétrolières nationales, Hu Jintao a été reçu avec tous les honneurs : parades militaires, réception par le roi du Maroc, discours devant le Parlement nigérian Un grand nombre d’accords de coopération bilatérale (économie, santé, éducation, infrastructures, tourisme, etc.) ont été signés. Au Nigeria, les Chinois vont investir près de 4 milliards de dollars dans une raffinerie à Kaduna, dans le nord du pays. Au Kenya, Hu Jintao a décroché six permis d’exploration offshore en échange d’une aide de 70 millions de yuans (8,7 millions de dollars). Au Maroc, les importations chinoises ont triplé en l’espace de quatre ans. Pour rééquilibrer ces échanges, Pékin a promis d’acheter quelque 750 000 tonnes d’engrais phosphorique à l’horizon 2010.
Quelques semaines plus tard, le Premier ministre Wen Jiabao s’est rendu, du 17 au 24 juin, dans sept pays africains : l’Égypte, le Ghana, le Congo-Brazzaville, l’Angola, l’Afrique du Sud, l’Ouganda et la Tanzanie. En janvier, le ministre des Affaires étrangères, Li Zhaoxing, avait ouvert la voie. En six mois, les trois hommes ont visité au total quinze pays du continent. L’étape de Pretoria a sans doute été la plus importante. Avec 20 % des échanges entre le continent et l’empire du Milieu, l’Afrique du Sud est de loin le plus grand partenaire commercial africain de la Chine. En 2004, 77 nouvelles entreprises chinoises se sont implantées en terre Arc-en-Ciel, où vivent quelque 100 000 Chinois. L’Afrique du Sud est également le seul pays africain à avoir investi en Chine. Mais des nuages sont venus assombrir quelque peu cette idylle. L’industrie textile sud-africaine est menacée par la déferlante de produits chinois, moins chers. Le voyage de Wen Jiabao a été l’occasion de rechercher un accord : la Chine devrait réduire ses exportations de textiles. L’histoire d’amour entre la Pékin et l’Afrique se poursuit. Pour le meilleur et pour le pire.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires