Don’t Bush me

Publié le 12 novembre 2006 Lecture : 1 minute.

La lettre « p » n’existe pas en arabe. Lorsque les Arabes, et en particulier ceux du Proche-Orient, essayent de prononcer un mot d’une autre langue qui comporte un « p », ils prononcent souvent « b » à la place. Le plus souvent, cela n’a aucune importance et n’occasionne aucune confusion. Mais il peut arriver que cette curiosité phonologique prenne soudain une dimension inattendue, qu’elle devienne une sorte de lapsus révélateur. Ainsi cette petite saynète, à Bagdad, la semaine dernière. Le juge qui s’apprête à prononcer la sentence du tribunal qu’il préside – ce sera, on le sait, la peine de mort – demande à Saddam de se lever. Celui-ci refuse. Un garde s’approche et saisit l’ancien raïs irakien par la manche. Saddam, furieux, hurle : « Ne me pousse pas, jeune homme ! » Cette scène est retransmise en direct sur CNN, que je regarde de bon matin. L’interprète, probablement irakien ou jordanien, en tout cas Arabe du Proche-Orient, traduit immédiatement en anglais :
– Don’t push me, boy !
Et c’est que la confusion p/b lui joue un tour. Tout le monde l’entend dire d’une voix claire :
– Don’t Bush me, boy !
Dans la bouche de Saddam, même par le biais d’un interprète, voilà qui résume bien les dix dernières années

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