Sadate devient président de l’Égypte

15 octobre 1970

Publié le 12 octobre 2008 Lecture : 3 minutes.

Résultat du référendum : 6 432 587 voix pour ; 711 252 voix contre. Le 15 octobre 1970, plus de 90 % des électeurs entérinent l’élection d’Anouar al-Sadate à la présidence de l’Égypte, votée – à l’unanimité – par l’Assemblée nationale une semaine auparavant, le 7 octobre.
L’accession de cet ancien militaire de 52 ans à la tête de l’État est tout sauf une surprise. Nommé vice-président de la République l’année précédente, il assure la présidence par intérim depuis la mort de Gamal Abdel Nasser, le 28 septembre. Dauphin constitutionnel du défunt raïs, Sadate est aussi l’un de ses plus vieux amis. Alors tout jeunes officiers, les deux hommes se sont connus à la veille de la Seconde Guerre mondiale dans la région d’Assiout. Leur complicité ne se démentira jamais.

Ils ont d’ailleurs le même âge. Si Nasser est né en janvier 1918 dans une famille de petits fonctionnaires d’Alexandrie, Sadate, qui a vu le jour le 25 décembre suivant, est issu d’un milieu de paysans pauvres de Ménoufieh, en Basse-Égypte. Diplômé de l’Académie militaire du Caire en 1938, il est affecté au corps des télécommunications et rejoint le Mouvement des officiers libres, dont l’objectif est de libérer le pays de la tutelle britannique. Pour ce faire, Sadate n’hésite pas à monter un réseau d’espionnage au profit des Allemands, ce qui lui vaudra d’être emprisonné en 1942 par les Anglais.
Après la guerre, il participe à quasiment tous les complots visant à abattre la monarchie. Jusqu’à ce fameux 23 juillet 1952, où lui échoit le privilège d’annoncer à la radio la destitution du roi Farouk. Après avoir occupé plusieurs postes importants dans le gouvernement du nouveau régime, il accède à la présidence de l’Assemblée nationale en 1964, avant, donc, d’être nommé vice-président de la République en décembre 1969.
Porté au pouvoir suprême pour continuer l’uvre de Nasser, Sadate sera amené peu à peu à nettement s’en démarquer. Sur le plan intérieur, il abandonne le socialisme et autorise une – timide – libéralisation du jeu politique. En 1972, il procède à un spectaculaire retournement d’alliance en rompant avec Moscou. Les 20 000 conseillers militaires soviétiques présents en Égypte sont priés de déguerpir dans les plus brefs délais
Mais c’est sur le front du conflit israélo-arabe que le sort de Sadate va être scellé. Bien que partisan d’une solution négociée, il engage son pays aux côtés de la Syrie dans la guerre du Kippour en octobre 1973. Si les opérations tournent à l’avantage des Israéliens, ceux-ci ont été bousculés dans un premier temps. Cette demi-victoire efface l’affront de 1967, où les armées arabes avaient essuyé une défaite cinglante.

la suite après cette publicité

Le président égyptien peut dès lors faire le choix de la paix et du rapprochement avec les États-Unis. Des négociations s’engagent sous l’égide des Américains. En novembre 1977, Sadate effectue un voyage officiel en Israël, une première pour un dirigeant arabe, et prend la parole devant la Knesset. Quelques mois plus tard, le 17 septembre 1978, les accords de Camp David, dans le Maryland, ouvrent la voie à un traité de paix entre Tel-Aviv et Le Caire. Signé le 26 mars 1979, celui-ci permet à l’Égypte de récupérer le Sinaï et de se voir octroyer une aide américaine importante, mais il déclenche une vague de colère dans le monde arabe.
Dans le pays même, les revirements de Sadate lui ont valu l’hostilité d’une large fraction de l’opinion. Le 6 octobre 1981, il est assassiné durant une parade militaire par des soldats membres du Djihad islamique. Son vice-président, Hosni Moubarak, lui succède. Vingt-sept ans plus tard, ce dernier est toujours aux commandes du pays des Pharaons

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires