Radiographie bancaire

Publié le 12 octobre 2008 Lecture : 3 minutes.

Mille milliards de dollars, ou presque : la somme des actifs (ou somme des totaux de bilan, en termes consacrés) des 200 premières banques africaines a, en un an, progressé de 28 %, pour atteindre 987 milliards de dollars. Les organismes bancaires les plus importants du continent sont passés au crible dans le hors-série n° 19 publié par Jeune Afrique, et comportant le traditionnel palmarès exclusif des banques africaines (édition 2008). Aucune autre publication ne produit un classement aussi exhaustif, réalisé à partir du traitement des données comptables transmises par 666 établissements financiers basés dans un ou plusieurs des 52 États du continent (le Zimbabwe n’étant pas traité pour cause d’inflation galopante).

Une rapide analyse des 50 premières places donne une répartition assez fidèle de l’influence bancaire des différents pays. On y trouve, entre autres, sept établissements d’Afrique du Sud – pays qui occupe les quatre premières places -, dix d’Égypte, cinq d’Algérie, six du Maroc et onze du Nigeria. Ces derniers réalisent d’ailleurs les plus belles performances, deux d’entre eux ayant multiplié leur total de bilan par quatre en un an, ce qui leur permet de grimper de plus de trente places dans le palmarès. Mais le panorama serait incomplet si l’on oubliait de citer les groupes bancaires panafricains comme Ecobank, BOA Group ou encore BGFI Bank, qui se placent respectivement aux 28e, 59e et 80e rangs, réalisant aussi des progressions significatives.
Bien que très riches en informations, le palmarès général, son analyse et ses déclinaisons régionales (Afrique du Nord, Afrique de l’Ouest, centrale, etc.) ne représentent qu’un quart de cette nouvelle édition, dont l’essentiel est consacré à des reportages, enquêtes ou interviews. Ceux-ci brossent un portrait des banques africaines et offrent un décryptage de leurs marchés, mais aussi de la concurrence qu’elles se livrent ou des enjeux qu’elles affrontent. Il en va ainsi de l’état des lieux du secteur en Tunisie, où il est question de créer des champions nationaux, ou encore de celui de la zone franc dont certaines banques, de taille trop modeste, pourraient devenir une proie facile pour des groupes plus solides et animés d’une volonté d’internationalisation, comme ceux du Maroc ou du Nigeria par exemple.

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Spécialistes du domaine ou pas, les lecteurs apprécieront également les reportages sur les métiers. Ils apprendront ainsi que le Sénégal devient un cas d’école en marketing bancaire. D’autres découvriront le moyen de paiement d’un futur très proche : le téléphone mobile, dont l’utilisation bancaire se met progressivement en place dans tous les pays. D’autres encore s’intéresseront aux progrès du capital-investissement sur le continent. Ce mode de financement, où l’investisseur participe à l’actionnariat de l’entreprise qu’il soutient, connaît un succès grandissant auprès des financiers internationaux grâce à la forte rentabilité qu’il peut leur apporter. Il est également de plus en plus prisé des entrepreneurs africains, qui semblent apprécier ce mode de financement original où l’investisseur devient le partenaire.
Le classement exclusif de Jeune Afrique – dixième du genre – paraît au moment où la planète financière est entrée dans une zone de graves turbulences. Raison de plus pour s’y intéresser : il donne la plus fidèle et la plus approfondie des photographies du paysage bancaire africain au moment de traverser ces périodes troublées. Et démontre que les banques africaines sont parvenues à un niveau de maturité et de professionnalisme qui devrait permettre aux meilleures d’entre elles de résister sans trop de casse.

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