La paix selon « Bibi »
Publié le 12 octobre 2008 Lecture : 1 minute.
« Bibi » n’a rien appris. Tout le monde – l’Autorité palestinienne, Ehoud Olmert et son probable successeur Tzipi Livni, la communauté internationale – a fini par se ranger au projet d’un État palestinien installé à l’intérieur des frontières de 1967 et bénéficiant bien entendu d’une continuité territoriale. Sauf Benyamin Netanyahou. Dans une interview au Financial Times du 7 octobre, le leader du Likoud plaide pour une Cisjordanie transformée en un patchwork de zones disparates, ayant chacune une activité économique spécifique. Jéricho serait ainsi un centre touristique. Profitant de sa proximité avec le Jourdain, la ville attirerait les visiteurs américains et singulièrement les baptistes, qui seraient heureux d’accomplir dans les eaux du fleuve biblique leur baptême rituel. « Ce qui créerait, promet généreusement Bibi, des dizaines de milliers d’emplois. »
Pas question pour l’armée israélienne de se retirer du désert du Néguev ni de la vallée du Jourdain, qui constituent « notre ceinture de sécurité stratégique ». Les négociations avec l’Autorité palestinienne auraient pour objectif l’organisation de ces bantoustans de rêve. Credo du chef du Likoud : « Ce n’est pas la paix qui apportera la prospérité. C’est la prospérité qui apportera la paix. » Pour réduire les dernières réticences, Bibi reprend un argument typiquement bushien : « Le problème palestinien est désormais dépassé. Il a cédé la place à la confrontation entre l’islam extrémiste et le monde occidental. » Du coup, tout retrait des territoires occupés ne pourrait que renforcer l’Iran et ses affidés. « Déjà, le Liban et Gaza sont deux bases iraniennes. Et si Israël s’en retire, la Cisjordanie deviendrait la troisième. »
Le leader du Likoud s’est persuadé que le temps travaille pour lui. Le gouvernement Livni, s’il voit le jour, ne durerait pas plus d’un an. Et aux prochaines élections, prévues au plus tard en 2010, le Likoud l’emporterait haut la main. Une chose en tout cas est sûre : la paix dont parle Bibi s’assimile à la paix des cimetières.
