Frederik De Klerk

Lauréat du prix Nobel de la paix avec Nelson Mandela en 1993

Publié le 12 octobre 2008 Lecture : 3 minutes.

Aujourd’hui âgé de 72 ans, il est le dernier Blanc à avoir dirigé l’Afrique du Sud. Président de la République de 1989 à 1994, il initia les réformes qui mirent fin à l’apartheid. Un chantier pour lequel Mandela et lui reçurent le Nobel de la paix. Quinze ans après, il en dresse le bilan.

Jeune Afrique : Vous êtes, avec Nelson Mandela, l’artisan de la transition, du « miracle sud-africain ». Quinze ans après, avez-vous des regrets ?
Frederik De Klerk : Je suis plutôt satisfait de ces négociations. Si c’était à refaire, je ne changerais rien de majeur. Nous aurions peut-être dû mieux détailler le processus « Vérité et Réconciliation » pour qu’il soit plus équilibré.

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Quels sont les meilleurs souvenirs que vous gardez de Mandela, et les moments que vous voudriez oublier ?
Je veux me souvenir de son charme personnel et de son immense contribution à la réconciliation nationale pendant les premières années de la « nouvelle Afrique du Sud ». En revanche, je m’efforce d’oublier les profondes divergences politiques que nous avons eues pendant les négociations. Certaines venaient d’une sincère incompréhension entre nous, d’autres n’étaient qu’un prétexte pour prendre politiquement l’avantage.

Qu’elle était votre vision de la nouvelle Afrique du Sud ?
Je voulais une démocratie constitutionnelle et non raciale, un État de droit, et une économie de marché.

La nation Arc-en-Ciel, celle de toutes les communautés réconciliées, est-elle une réalité, un objectif, une utopie ?
Nous avons fait des progrès. Ce qui est important, ce ne sont pas les quelques incidents racistes, inacceptables, qui se produisent de temps en temps, mais la relative facilité et la bonne volonté qui ont marqué l’intégration dans les écoles, dans les quartiers et dans les bureaux. Il ne faut jamais cesser de promouvoir cette réconciliation.

Pensez-vous que Thabo Mbeki a été un bon président ?
Globalement, il a été un bon président. Son plus grand succès aura été de créer un environnement économique qui a permis quatorze ans de croissance ininterrompue. Il a aussi consolidé la démocratie et redonné à l’Afrique du Sud sa place sur la scène internationale. En revanche, ses plus grands échecs auront été la lutte contre le sida ainsi que la crise zimbabwéenne.

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Qu’attendez-vous du prochain président de ce pays ?
Qu’il observe scrupuleusement la lettre et l’esprit de notre Constitution et qu’il s’attaque efficacement aux défis de la nation : la pauvreté, le chômage, les inégalités, l’insécurité et l’éducation.

Que pensez-vous de Jacob Zuma et de l’ANC ?
J’ai toujours eu de très bonnes relations avec lui. C’est un homme chaleureux et charismatique avec un bon instinct politique. Je ne crois pas qu’il soit un radical. Cependant, il a une dette importante vis-à-vis du Parti communiste sud-africain et des syndicats, qui vont le pousser à abandonner l’option libérale. C’est aussi très difficile pour lui d’avoir un rôle positif en tant que président tant que les accusations portées contre lui ne sont pas levées. Quant à l’ANC, son plus grand défi est d’arrêter de se voir comme « un mouvement de libération nationale » et de devenir un parti politique normal.

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Pensez-vous que les Blancs d’Afrique du Sud sont considérés comme des Sud-Africains à part entière ?
Malheureusement, beaucoup de Sud-Africains ont encore un point de vue ambivalent sur la question. D’un côté, on a Thabo Mbeki, qui a clairement identifié les Blancs comme Sud-Africains. Et de l’autre côté, l’idéologie officielle de l’ANC, qui considère toujours les Blancs comme les produits d’une « certaine forme de colonialisme ».

Rencontrez-vous encore Nelson Mandela ?
Oui, nous avons de bonnes relations, nous nous retrouvons parfois pour un déjeuner ou autour d’une tasse de thé. Hélas, M. Mandela est très vieux et il a mis des limites, fort compréhensibles, à ses activités.

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