« Avec les putschistes, le dialogue n’est pas rompu »

Publié le 12 octobre 2008 Lecture : 2 minutes.

Commissaire de l’Union africaine à la paix et à la sécurité, le diplomate algérien (56 ans) a joué, avec Jean Ping, le président de la Commission, un rôle clé dans la décision de l’UA de lancer, le 6 octobre, un ultimatum aux putschistes mauritaniens, mais sans exclure complètement une reprise du dialogue. Il expose par ailleurs la « feuille de route » de l’organisation dans la crise soudanaise.

Jeune Afrique : Votre fermeté concernant la Mauritanie a surpris. Un compromis avec les putschistes du 6 août est-il néanmoins possible ?
Ramtane Lamamra : Cette fermeté n’est que l’application de la doctrine de l’Union africaine, qui, depuis le sommet d’Alger, en 1999, proscrit les coups d’État. Dans le cas de la Mauritanie, il y a deux circonstances aggravantes. Le coup a mis fin à une expérience démocratique qui avait été saluée comme exemplaire : c’est un mauvais exemple pour le continent. Par ailleurs, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le président élu, est maintenu en détention. Comme l’a dit l’UA, le 22 septembre à New York, le président Sidi est légitime et doit être rétabli dans la plénitude de ses fonctions. Cela dit, il lui appartient d’être ou de ne pas être un acteur clé et de voir en son âme et conscience quel est le meilleur moyen de sortir de la crise.

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Va-t-on vers des sanctions ?
Les sanctions ne sont pas le meilleur instrument dont dispose la diplomatie moderne. Elles ne sont que l’argument ultime. Naturellement, elles figurent parmi les options envisageables, mais, pour l’instant, les possibilités du dialogue et les ressources de la diplomatie ne sont pas tout à fait épuisées.

Depuis le putsch, vous vous êtes rendu à Nouakchott à trois reprises. Avez-vous senti chez le général Ould Abdelaziz une quelconque velléité de renoncer au pouvoir ?
Je ne puis répondre à sa place. Tout ce que je peux vous dire est que nous avons eu des entretiens en tête à tête extrêmement intéressants, que nous avons parlé très ouvertement. Je suis convaincu que c’est un patriote. J’espère simplement qu’il choisira la voie préconisée par la communauté internationale.

Au Soudan, le président Béchir est sous la menace d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale
Cette requête de la CPI est malvenue. En fait, cette crise est partie intégrante de celle du Darfour. Si nous parvenons à régler la grande crise, nous réglerons ipso facto la petite. Quelle est notre feuille de route ?
1. La sauvegarde à tout prix de l’accord global de paix au Sud-Soudan.
2. La relance du processus de paix au Darfour, grâce aux efforts du médiateur burkinabè Djibril Bassolé et du Qatar.
3. La réforme du système judiciaire soudanais de manière à mettre fin à l’impunité.
Nous avons obtenu que des amendements soient apportés au code de procédure pénale et que de nouveaux tribunaux soient installés au Darfour. Nous avons obtenu aussi que des juristes nommés par l’UA et la Ligue arabe soient étroitement associés aux procédures locales afin de les rendre plus efficaces et plus crédibles. C’est pour cela que nous demandons au Conseil de sécurité de l’ONU de suspendre les poursuites judiciaires engagées contre le chef de l’État soudanais. Si cette suspension est décidée, nous disposerons de douze mois pour faire un travail sérieux sur le terrain.

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