Rien de nouveau sous le soleil… du Baas

Publié le 12 juin 2005 Lecture : 2 minutes.

Sans surprise, le congrès du parti Baas a reconduit Bachar al-Assad au poste de secrétaire général, à l’issue de ses dixièmes assises, tenues à Damas du 6 au 9 juin. Ceux qui attendaient un bouleversement sur l’échiquier politique syrien en ont été pour leurs frais. Hormis le départ de la génération d’Assad père, il n’y a pas eu de révolution. La mue du système mis en place en 1963 s’apparente plus à un passage de témoin qu’au changement de fond attendu tant par la rue syrienne que par la communauté internationale. « Au lieu de s’ouvrir, témoigne un opposant, le Baas n’a fait que renouveler la pratique du précédent congrès, qui a organisé la succession de Hafez al-Assad par son fils. Si la vieille garde, comme Abdelhalim Khaddam, éminence grise du régime, ou Mustapha Tlass, ex-ministre de la Défense, se retire, elle a pris soin de positionner sa progéniture dans les hautes sphères du pouvoir. »

Certes, le premier congrès post-Hafez a abordé quelques sujets sensibles : loi sur l’état d’urgence, multipartisme, code électoral, loi sur les médias… Mais le quidam damascène a l’impression que tout cela a des allures de réchauffé. L’arrivée de Bachar aux affaires, en juillet 2000, était porteuse des mêmes promesses. Mais les illusions ont fait long feu.
Durant les cinq dernières années, le Baas s’était engagé dans un processus de réformes politiques, mais sans que cela contribue à baisser le nombre de détenus pour délit d’opinion. Quant aux réformes économiques, elles sont au point mort : la Syrie pourrait même servir d’étalon en termes de corruption et d’opacité entourant les marchés publics. Aujourd’hui, la donne a changé. Le conflit irakien, le retour du corps expéditionnaire du Liban, la consolidation de la revendication identitaire kurde, la réapparition des Frères musulmans après une longue éclipse depuis la répression de 1982 (des milliers de victimes), et surtout les pressions internationales, notamment françaises et américaines, imposent au régime de Bachar un choix cornélien : se réformer ou disparaître.

la suite après cette publicité

Les congressistes ont donc timidement abordé la question de l’état d’urgence, en vigueur depuis plus de quarante ans, et qui confère aux puissantes Moukhabarate (renseignements) des pouvoirs exorbitants : interpellations à discrétion, gardes à vue illimitées, voire impunité pour les tortionnaires. Ils ont courageusement recommandé de « réviser cette loi et de limiter son application aux seuls crimes qui portent atteinte à la sécurité de l’État », sans pour autant définir la nature de ces crimes. En revanche, s’ils ont suggéré la promulgation d’une loi sur les partis, ils n’ont à aucun moment abordé la révision de l’article de la Constitution stipulant que « le Baas dirige l’État et la nation ». Autrement dit, les partis légaux – au nombre de quatre – restent placés sous la tutelle du Baas dans le cadre d’un Front patriotique, lui-même dépendant du Baas. La nouvelle loi sur les partis interdit toute formation se référant à des critères ethniques, confessionnels, religieux ou régionaux. Les Frères musulmans et les Kurdes sont prévenus !

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires